Véronique Di Benedetto, l’entrepreneuse du numérique

19/03/2018 5 minutesPartager sur

Véronique fait partie de la communauté #LesIntrépides, ces femmes qui évoluent dans des secteurs qui manquent des talents féminins !

La présidente de « Femmes du Numérique » et Vice-Présidente France d’Econocom, Véronique di Benedetto, est bien la preuve vivante que cet univers est accessible à toutes les femmes.

© Gérard Uféras
ECONOCOM MAI 2015
  • Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?

Après l’ESCP Europe j’ai rejoint IBM, où j’ai suivi un parcours très formateur entre la théorie et la pratique sur toutes les expertises informatiques.

Puis, avec un associé, j’ai monté ma propre société. Quand cette dernière a été vendue à ECS, une filiale de la Société Générale, j’ai successivement occupé le poste de directrice commerciale, de directrice de l’international, puis de directrice générale. Lorsque ECS a été rachetée par Econocom, une entreprise de services numériques, j’ai pris dans un premier temps la direction générale France, puis le poste de Vice-Présidente, où je suis aujourd’hui en charge de la gouvernance de l’innovation et de la supervision de nouvelles participations, notamment dans les startups. J’ai également intégré le conseil d’administration d’Econocom et en parallèle celui du Syntec Numérique (syndicat professionnel des entreprises de services numériques, des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies).

  • Comment êtes-vous arrivée dans le numérique ?

Chez IBM, je me suis rendue compte que le secteur ouvrait de nombreuses perspectives. Dans les années 80 nous étions en pleine explosion de l’informatique. On voyait bientôt arriver l’ordinateur portable pour tous.

« Depuis, je ne me suis jamais ennuyée. Le numérique et l’informatique sont complémentaires et très imbriqués. Il y a une diversité de métiers qui sont en révolution et évolution permanente. »

Aujourd’hui, les entreprises de services numériques doivent aussi transformer leurs modèles de business, sous la pression du marché et des nouveaux entrants technologiques, les start ups, afin de pouvoir apporter des réponses pertinentes et innovantes aux clients. Ce sont de nouveaux défis à relever. 

Je n’ai pas arrêté d’apprendre, de me former et de vivre des challenges tous différents. C’est un monde d’une richesse infinie où l’on peut s’épanouir en tant que femme, et avoir une carrière passionnante.

  • Pourquoi le monde du digital doit-il recruter des femmes ?

C’est un secteur qui recrute et va recruter de plus en plus. Toutes les sociétés comme les nôtres recherchent des compétences autour de la programmation, de l’intelligence artificielle, du Big Data, de la cyber sécurité, du Cloud…. Et nous sommes en pénurie de talents. Par ailleurs, dans le numérique, nous comptons aujourd’hui seulement 27% de filles. On se dit par conséquent qu’il serait urgent d’accompagner au mieux leur formation dans ces métiers à fort débouché, plutôt que de se disputer les nouvelles recrues en nombre insuffisant, ou de les débaucher d’une société concurrente.

« De plus il serait dommage que, dans cette construction et ce développement du monde de demain, ce ne soit que des hommes qui agissent, programment et développent les nouvelles technologies pour nos usages quotidiens. »

Nous risquerions d’être dans une vision biaisée, voire trop masculine de la société. Les femmes ne doivent pas se contenter d’être seulement des consommatrices du numérique.  

  • Les mentalités ont pourtant encore du chemin à faire pour que la gente féminine s’impose dans le digital. Pourquoi ?

On constate encore un manque de confiance plus fort du côté des femmes. C’est visible dans les évolutions de carrière. Elles se considèrent moins bien formées et sont moins en confiance, face aux hommes, quand un nouveau poste se présente.

Dans certains cursus scientifiques hautement compétitifs, combien sont-elles ? Il suffit par exemple de regarder les parcours d’ingénieurs du numérique. Elles ne représentent que 10 à 15% des étudiants. Car les stéréotypes demeurent. Le numérique serait une science froide plus adaptée aux hommes et les métiers dans le « care » seraient destinés aux femmes.

« Il y a vraiment toute une reconstruction à faire au niveau des représentations pour faire tomber tous les clichés. Plus on les détricotera jeune, dès l’école primaire, plus forts en seront les impacts. »

  • La révolution numérique est en pleine action. Quels sont, à votre avis, les métiers de demain où elles seront les plus performantes ?

Dans tous les métiers d’aujourd’hui et de demain, c’est la mixité qui fait la force ! Il n’en existe aucun où les femmes seront plus performantes. Idem pour les hommes. Tous les talents sont les bienvenus.

  • Quels sont les conseils que pourriez-vous donner à toutes celles qui veulent se lancer et réussir dans le numérique ?

Je leur dirais d’être curieuses et d’aller se renseigner sur tous les métiers du web et du numérique, via des forums, des salons, des sites d’information dédiés et des formations de courtes durées, afin de mieux comprendre tous les enjeux de ces métiers. Sans se fier uniquement aux dires des conseillers d’orientation qui risquent de les diriger spontanément vers des carrières soi-disant plus féminines.

Foncez, oubliez les stéréotypes sexistes et ayez confiance en vous. Le monde du numérique promet une telle richesse d’offres d’emplois, au féminin comme au masculin, qu’il serait dommage de ne pas en bénéficier. Car tous les métiers, quels qu’ils soient, vont être très rapidement impactés par le digital.

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