Procureur de la République à Nîmes, Eric Maurel a déjà une carrière bien remplie, cela cela fait 33 ans qu’il exerce au sein de l’institution judiciaire. Il vous explique comment il y est parvenu, en passant par l’Ecole Nationale de la Magistrature, et toutes les qualités pour être capable d’orienter au quotidien le travail des policiers et des gendarmes, parfois dans la minute qui suit, lorsqu’il est appelé sur une affaire importante.
En quoi consiste exactement votre métier de procureur de la République ?
Le métier de procureur est constitué de trois grands volets. Le 1er volet : le procureur de la République dirige l’activité de la police et de la gendarmerie. Il faut savoir que toutes les enquêtes depuis un feu rouge jusqu’à un meurtre, un trafic de stupéfiants, des escroqueries, se déroulent sous l’autorité et le contrôle du procureur de la République qui décide ensuite de l’orientation de cette procédure. Le procureur de la République participe donc à la prévention et à la répression de la criminalité et de la délinquance.
Le deuxième grand volet de l’activité d’un procureur de la République, concerne la « justice pénale », c’est-à-dire qu’il participe aux procès et qu’il représente la société en prenant la parole, pour demander le cas échéant, la condamnation des personnes qui sont jugées et l’application de la loi, c’est-à-dire le condensé d’une peine, d’une amende, d’une peine de prison, d’un travail d’intérêt général, à l’encontre de ces personnes. Dans la continuité de ce rôle, le procureur est ensuite chargé de faire exécuter les peines qui sont prononcées par les tribunaux.
Un autre grand domaine d’activité du procureur de la République est le domaine civil, c’est-à-dire qu’il représente la société. Il prend la parole au nom de la loi, intervient aussi dans des dossiers d’adoption, de changement de nationalité, des dossiers de succession.
« Ces dossiers touchent donc à la vie des gens comme par exemple un changement de nom, de sexe, ou bien des affaires de droit de visite à l’égard d’un enfant par des grands-parents. »
Comment êtes-vous arrivé dans ce domaine? Quelle formation avez-vous suivi ?
En général, les jeunes suivent une formation en faculté de droit, et doivent avoir accompli au moins quatre années de droit, c’est-à-dire obtenu un master 1, voire plutôt un master 2 pour pouvoir présenter le concours.
« Pour devenir procureur de la République, j’ai passé le concours national de l’Ecole de la Magistrature qui est à Bordeaux. »
La scolarité dure trois ans, pendant laquelle l’étudiant est rémunéré, et à l’issue de cette formation, les élèves choisissent soit d’être juge soit substitut du procureur parce qu’on ne devient pas procureur immédiatement.
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Quelles sont les qualités requises pour devenir procureur ?
« Pour exercer le métier de procureur et de magistrat, il faut avoir des facultés d’écoute, de respect de l’autre, de grandes capacités d’analyse et de synthèse. »
Une capacité et un goût de la décision rapide surtout pour les procureurs de la République, les juges ont plus de temps pour prendre leur décision habituellement. Le procureur de la République travaille dans l’urgence, il doit être capable d’orienter le travail des policiers et des gendarmes, parfois dans la minute qui suit, lorsqu’il est appelé sur une affaire de meurtre. Et une capacité d’humanité qui est celle de tout magistrat, parce qu’il ne travaille pas que sur des dossiers mais derrière tout cela, il y a la vie des gens.
Comment faites-vous pour concilier vie professionnelle et vie privée ?
C’est une question d’organisation, c’est vrai que c’est un métier qui prend énormément de temps, je ne compte pas mes heures. Je peux très bien commencer ma journée à 8h30 et si une affaire importante éclate, la terminer à trois ou quatre heures du matin. Ce n’est pas rare, il faut donc être organisé pour préserver sa vie personnelle mais j’y arrive parfaitement. De toute façon, pour être un bon magistrat ou un bon procureur de la République, il faut avoir une vie professionnelle et familiale très équilibrées.
En début de carrière, combien gagne-t-on ?
Un substitut du procureur (c’est-à-dire le collaborateur du procureur) qui débute, gagne 2660 euros net par mois en sortant de l’école, plus les primes qui peuvent faire un salaire de 3 000 euros par mois. Au terme de la carrière, un procureur de la République gagne environ 8500/9000 euros par mois.
Comment envisagez-vous l’évolution du métier de procureur ?
C’est un métier qui est en incessante modernisation. Aujourd’hui, le métier se tourne vers les nouvelles technologies, la dématérialisation des procédures, leur numérisation, le travail vers l’international. Les procureurs travaillent aujourd’hui en réseau à la fois national et international. Il est tout à fait habituel qu’un procureur français puisse être amené à travailler avec un procureur belge, italien, allemand dans le cadre de grands dossiers.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent devenir procureur ?
Il y a trois conseils. je conseille aux jeunes qui veulent devenir procureur de la République, de travailler beaucoup parce qu’il faut maîtriser à la fois les règles juridiques et les techniques professionnelles. Ensuite, vous devez avoir une grand capacité au doute, parce qu’un procureur de la République comme tout magistrat doit savoir douter pour parvenir à une certitude. C’est ce qu’on appelle le « doute méthodique », pouvoir tout remettre en cause, ne jamais considérer quelque chose comme certain, acquis et définitif. Je conseille aussi d’être à l’écoute de la société, un procureur de la République est l’interface entre les évolutions de la société et le fonctionnement des tribunaux.
« Ceux qui veulent faire ce métier doivent être très ouverts sur la société. »
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