Solesne Papillard exerce depuis plus de dix ans dans le public au sein d’un service d’oncologie pédiatrique et en cabinet de ville. Cette jeune maman de trois, bientôt quatre, enfants nous parle de ce métier passionnant et prenant.
Expliquez-nous en quoi consiste votre fonction que ce soit en libéral ou à l’hôpital ?
« Médecin spécialiste du bébé et de l’enfant, je soigne et j’accompagne les petits malades et les bien portants. »
Entre l’hôpital et le cabinet pourtant, mes fonctions et les patients sont très différents.
En libéral j’ai surtout affaire à des tout petits qui vont bien en général. Mon rôle: les suivre au fil des mois et des années dans leur croissance, procéder aux différents examens médicaux de surveillance et aux vaccins. Mais la plus grande partie de mon métier en ville consiste à assurer un rôle de prévention et d’éducation médicales afin de guider et de rassurer des parents qui sont parfois stressés.
A l’hôpital, surtout dans un service d’oncologie pédiatrique , les enjeux ne sont pas les mêmes. C’est un vrai défi, un combat permanent contre la maladie. L’ambiance est souvent plus lourde et la relation avec le patient et sa famille plus forte, plus impliquante.
Quelles sont les compétences humaines et techniques requises pour l’exercer ?
« Globalement pour bien faire ce métier, que ce soit en public ou en privé, je dirais qu’il faut avant tout aimer les gens toutes générations confondues. »
Il faut être à leur écoute et prendre le temps de les comprendre et de répondre à leurs questions. Cela demande bien sûr un minimum de patience, un peu de psychologie et un maximum de bienveillance et de disponibilité.
Il faut aussi savoir garder son sang-froid et rester calme et douce en toutes circonstances, surtout à l’hôpital où les cas sont souvent plus urgents, voire plus compliqués.
Nous ne sommes pas des techniciens, ni des dirigeants, mais il faut pourtant dans le public apprendre à gérer des équipes, se battre pour avoir plus de personnel, obtenir des formations, rendre des comptes à la direction ou
encore justifier des «chiffres» d’activités.
Comment êtes-vous arrivée dans ce domaine ? Et quelle formation avez-vous suivi ?
J’ai toujours su que je voulais travailler avec les enfants. Juge ou pédiatre, je ne savais pas. Comme j’étais plutôt scientifique et bonne élève, après un bac S, mes parents m’ont conseillée de faire médecine pour m’orienter ensuite vers cette spécialité qui m’intéressait.
Au fil des années, je n’ai jamais changé d’avis. Mais le cursus est long et difficile. Sept ans d’études de médecine, plus la spécialisation de pédiatrie en quatre ans et une autre en oncologie-hématologie, il faut pourvoir et vouloir tenir sur la durée. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas un seul instant.
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaitent devenir pédiatre ?
« C’est sans doute un des plus beaux métiers du monde. »
Mais pour y arriver, il faut être certain de son choix, volontaire et motivé. Car le chemin est long et compliqué. Pour l’internat, on travaille d’arrache-pied à un âge où les copains s’amusent et volent de leurs propres ailes. On assure des gardes de nuit et de week-end, ce qui laisse peu ou pas de temps libre pour faire autre chose.
Sur le terrain on est confronté très jeune à des situations complexes et humainement difficiles. Il faut donc vraiment le vouloir et s’accrocher.
Comment envisagez-vous l’avenir et l’évolution de la profession?
C’est un domaine où il y aura toujours du travail. Et c’est une chance aujourd’hui. Mais la médecine n’est malheureusement plus ce qu’elle était.
« Le système hospitalier va mal. »
Les postes de vacataires sont légions et les postes de praticiens hospitaliers sont encore trop peu nombreux pour pouvoir être rapidement titularisé dans le public. L’avantage c’est qu’on est mobile et que rien ne nous empêche de bouger ou d’opter pour une médecine libérale. Mais installer une patientèle et la faire fonctionner correctement exige un investissement important et des horaires à rallonge.
En début de carrière combien gagne-t-on en moyenne? Et le salaire est-il exponentiel ?
Dans le public un vacataire est rémunéré 50 € net la demi-journée, soit environ 2000 € par mois à temps plein et cela peut durer des années; un praticien hospitalier en début de carrière touche 4000 € net et son salaire étant exponentiel, il peut terminer à 6000 €.
En libéral, quand les charges sont enlevées, si le cabinet tourne et sans compter ses heures, il est possible d’arriver à environ 6000 € mensuels en secteur 2.
Comment concilier au mieux vie professionnelle et vie privée?
Je rentre tard en général et il faut en plus assurer des gardes de nuit et de week-end, où tout repose sur vous, avec des situations extrêmement stressantes et des pronostics vitaux en jeu.
Quand on a trois jeunes enfants, un quatrième bientôt, cela n’est pas toujours évident question gestion familiale et fatigue émotionnelle. C’est compliqué de lâcher-prise. Mais c’est essentiel de cloisonner si l’on veut se préserver et préserver les autres.
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