Chaudronnier : Les Compagnons du Devoir cherchent à former les jeunes

19/07/2017 Partager sur

Jonathan est chaudronnier, un métier bien différent de l’idée qu’on s’en fait. Il vous explique son choix et ce qu’il fait au quotidien … Découvrez notre interview ci-dessous :

chaudronnier

En quoi consiste votre métier de chaudronnier ?

Le métier de chaudronnier consiste à former les métaux en feuilles et profilés (acier, acier inoxydable, cuivre ou laiton) à l’aide de machines, pour effectuer différents formats : pliage, roulage, guillotine… On forme la matière pour lui donner un volume.

Tout ceci est conçu en amont par traçage et par calculs. C’est ce que l’on appelle la conception 2D ou 3D. Avant cela se faisait à la main, mais actuellement toutes les entreprises utilisent un logiciel informatique.

Ensuite, après la conception, les pièces sont assemblées par différents procédés :

  • le boulonnage ou le rivetage, qui sont des assemblages à froid,
  • ou le plus souvent par la soudure.

Selon les pièces travaillées, la matière utilisée peut être ensuite peinte, passivée, brute, ou recevoir différentes finitions.

chaudronnier

Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier de chaudronnier ?

J’aime ce métier pour la conception et la création de pièces diverses. Mais aussi la matière en elle-même, voir l’acier en fusion. La matière me plaît, et le métier peut nous faire voyager à travers les chantiers, que ce soit en France ou à l’étranger.

Et concrètement si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?

C’est tout d’abord un échange avec le responsable de l’équipe pour organiser les journées : chaque matin on fait un point sur le travail à effectuer sur la journée, on ne travaille pas tout seul dans son coin. Mais cela dépend des entreprises car on peut travailler dans beaucoup de secteurs différents. Le chaudronnier est amené à former, à tracer, à peindre, à souder, à assembler, à contrôler différentes pièces.

Il y a aussi une partie chantier : on peut donc être amené à se déplacer. Cela concerne beaucoup l’industrie mais ça peut aussi être chez des particuliers. On peut par exemple faire un garde-corps, une cuisine en inox… Certaines entreprises font tout de A à Z, d’autres sous-traitent. Mais un chaudronnier peut donc aussi se déplacer chez les particuliers.

chaudronnier

Quel a été votre parcours et votre formation pour arriver à ce métier de chaudronnier ?

Mon grand-père avait une entreprise de menuiserie, mon père était dans ce domaine aussi, donc j’ai commencé par la menuiserie familiale. Et à travers les chantiers que j’ai pu effectuer en menuiserie, j’ai découvert des personnes qui soudaient et qui formaient l’acier et l’inox sur différents chantiers. Je me suis intéressé et j’ai rencontré un compagnon.  De fil en aiguille je me suis inscrit et j’ai changé de voie.

Niveau formation, j’ai commencé par un apprentissage au sein des Compagnons du Devoir pendant deux ans à Paris, pour réaliser un BEP. C’était un BEP ROCSM (Réalisation d’ouvrages chaudronnés et de structures métalliques), qui n’existe plus, il a été remplacé par le bac pro technicien en chaudronnerie industrielle.

Ensuite, je me suis perfectionné par le voyage, toujours chez les Compagnons du devoir. J’ai voyagé de ville en ville tout en changeant d’entreprise, et en passant différents diplômes. C’est de l’alternance tout le long. J’ai donc commencé par le BEP de deux ans, ensuite à Nantes et Albi j’ai passé un bac pro, puis à Reims pour une mention complémentaire du métier. Ensuite je suis parti un an en Nouvelle Zélande. Quand je suis rentré en France je suis passé par Bordeaux et Lyon, et je suis actuellement sur Colomiers, où j’ai passé mon BTS.

Pensez-vous qu’il y a de bonnes perspectives au niveau de l’emploi ?

Oui bien sûr, le secteur est en plein développement, on cherche tout le temps des chaudronniers, environ 5 000 ouvriers qualifiés/techniciens ou ingénieurs par an dans la filière chaudronnerie/tuyauterie et maintenance industrielle*. Il n’y a pas assez de jeunes et il y a beaucoup de travail. Que ce soit en France ou à l’étranger : on peut par exemple partir sur une  plateforme pétrolière, 3 mois en immersion au Qatar.

On peut aussi travailler pour l’art : certains font des lustres pour Versailles. Il y en a aussi qui travaillent dans l’aéronautique, surtout dans notre région (Toulouse), ou dans le médical… Il y a énormément de filières, suivant les entreprises et les régions. C’est pour cela que c’est vraiment intéressant de faire le tour de France avec les compagnons.

Le tour de France se fait après l’apprentissage, ce n’est pas obligatoire mais le discours des compagnons va dans ce sens. On préconise de le faire durant 5 ans. Personnellement j’en ai fait 7,  mais on peut aussi faire moins longtemps. Tout dépend de l’envie et de l’âge. Sur les 5 ans il y a une étape obligatoire à l’étranger, où on peut voyager dans 60 pays sur 5 continents. Il y a des maisons de compagnons en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, et au Canada. Mais on peut partir où on veut, suite à une sélection sur dossier.

Et à la fin du tour de France on prend une mission dans l’association. Ce n’est pas obligatoire mais ça clôture le tour de France. On propose des missions de formateur, de prévôt, de chargé de missions à Paris… des missions axées métiers. Pour être prévôt il y a une sélection, mais tout le monde peut devenir formateur après le tour de France.

Le prévôt est le responsable ou directeur du centre de formation. Il gère le placement et le suivi des jeunes en entreprise, il garde le contact avec les entreprises, il gère l’équipe de formateurs et le personnel, il veille au bon fonctionnement de la maison (travaux), l’équipe pédagogique et le bénévolat avec les compagnons sédentaires et les jeunes. Il occupe ce poste pendant 3 ans.

Quelles sont pour vous les qualités requises pour exercer votre métier de chaudronnier ?

Pour pouvoir travailler dans la chaudronnerie, il faut être minutieux car les matières premières coûtent cher, donc on ne peut pas se tromper. Il faut être précis, et surtout avoir une bonne vision dans l’espace pour imaginer le volume dans sa tête. Quand on a les plans, c’est à plat, donc il faut bien se projeter. Si on n’a pas une vision dans l’espace c’est vite compliqué. On le voit avec les jeunes qui n’ont pas cette vision, ils n’arrivent pas à former la pièce, ils sont bloqués devant le plan. Et il faut aussi avoir de bonnes notions en maths, car tout se fait par traçage et par calcul.

Si vous aviez quelque chose à changer dans votre métier de chaudronnier ce serait quoi ?

Il faudrait promouvoir le métier, et expliquer le nom de chaudronnier, peut être le changer, pour que les jeunes sachent ce que c’est. Le nom n’est plus adapté. On peut aussi prendre l’exemple de plombier. Avant ils travaillaient le plomb, maintenant ce n’est plus le cas. Mais tout le monde sait ce qu’ils font car ils interviennent chez les particuliers, et ils ont su faire évoluer le métier. Le chaudronnier s’appelle comme cela car à l’époque on fabriquait des chaudrons et travaillait le cuivre, alors que plus du tout maintenant. Nous avons gardé ce nom mais nous n’avons pas su le faire évoluer. Peut-être parce qu’on se déplace moins chez les particuliers. Beaucoup de personnes ne savent donc pas vraiment ce que l’on fait. Donc il faut vraiment promouvoir le métier, voir changer le nom, pour qu’il soit plus « à la page ».

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire votre métier de chaudronnier ?

Qu’il fonce ! Et qu’il soit à l’écoute des anciens, car c’est un métier qui s’apprend en entreprise. On peut obtenir des diplômes mais on est vraiment en immersion en entreprise. C’est pour cela qu’il faut absolument le faire en alternance. Dans le métier de chaudronnier, tout est dans le détail, c’est ça qui fait la différence.

Vous voulez en savoir plus sur le métier de chaudronnier ? Echangez avec Jonathan via son profil JobIRL et avec les Compagnons du Devoir, inscrivez-vous :inscription*Source : SESSI (Service des Etudes et des Statistiques Industrielles)

 

 

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