Interview scénariste : Emilie vous explique son métier

21/07/2016 Partager sur

Emilie, scénariste, a répondu à nos questions sur le quotidien de son métier et son parcours. Découvrez ci-dessous notre interview sur le métier de scénariste :

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1/ Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste votre métier ? En quoi votre métier a-t-il du sens ? A quoi sert-il ?

Le métier de scénariste consiste à développer et à écrire des films documentaires pour la télévision. Ça peut paraître paradoxal pour des films qui sont censés saisir le réel mais en fait certains films documentaires qui témoignent de réalités historiques, scientifiques, et qui portent des champs de connaissance reposent sur une matière très structurée et très écrite avant le tournage.

Pour ma part, j’écris des documentaires sur des sujets de connaissance et de découverte, à dimension historique ou scientifique – principalement pour ARTE mais aussi pour d’autres diffuseurs.

Enfin en parallèle, mais ça ne relève pas de mon travail d’écriture, je suis associée à la programmation documentaire de la chaîne Public Sénat, côté diffuseur cette fois.

En termes de statut, je suis auteur et perçois donc des droits d’auteur pour ce que j’écris.

Et pour les conditions de travail, je travaille en grande partie chez moi, et ponctuellement dans les sociétés de production avec lesquelles je collabore.

Pour moi, ce métier a du sens car chaque documentaire ouvre sur un nouveau monde de connaissances. Pour quelqu’un de curieux, c’est vraiment enrichissant de pouvoir découvrir ces différents univers, j’apprends sans cesse ! Il y a également une diversité de mes fonctions qui m’oblige à m’adapter à chaque fois et qui évite toute monotonie.

2/ Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?

Si on regarde un projet dans sa globalité, il y a plusieurs étapes :

1 / La pré-enquête : une phase de recherches, lectures, documentation, entretiens avec des spécialistes du sujet choisi. Et le recueil des idées et aspirations du réalisateur.

2 / La mise en place d’un dossier de pré-développement : il présente le projet du film, les personnages principaux, une sorte de plan général du sujet. Il s’écrit aussi en dialogue avec le réalisateur qui va ensuite réaliser le film.

3 / Une fois la présentation faite au diffuseur, si celui-ci est intéressé, une enquête beaucoup plus approfondie est alors réalisée pour écrire un scénario qui pour un film de 52 minutes peut représenter environ 60 pages.  Ce scénario sera suivi par le producteur et devra être lu et validé par le diffuseur avant que le tournage ne commence.

4 / Le scénario est ensuite donné le scénario au réalisateur et aux équipes qui s’occupent du tournage.

5 / En général c’est le réalisateur qui se saisit du scénario auquel il a participé dans sa phase d’écriture, c’est essentiel, ses idées, ses envies de réalisation en font partie, et le prend comme base de son tournage. Mais le scénariste et le réalisateur peuvent continuer à dialoguer au fil du tournage, surtout quand la réalité impose des évolutions, des modifications.

6/ Quand le film est tourné, et en cours de montage, le scénariste revient découvrir le film, parfois pointer quelques incorrections, ou faire quelques remarques. Il est possible aussi que le scénariste écrive le commentaire du film, ou contribue à l’écrire.

 A noter que je ne m’occupe pas de recherche de financement : ce sont les sociétés de production qui gèrent cela.

3/ Quel a été votre parcours pour arriver à ce métier ?

J’ai fait une classe prépa littéraire (Khâgne), une maÏtrise d’Histoire, puis le CELSA en communication institutionnelle.

J’ai travaillé 5 ans au Théâtre National de Strasbourg, puis j’ai suivi une formation de production culturelle. Et par des hasards de rencontres – très important dans ces univers professionnels – j’ai fait le stage lié à cette formation dans une société de production qui travaillait pour Arte.

J’ai décidé ensuite de travailler dans ce domaine, j’ai commencé une nouvelle vie professionnelle, d’abord dans la production, en tant que secrétaire de production, puis chargée de production, jusqu’à directrice de production et au bout d’une dizaine d’années, j’ai eu envie de me concentrer sur le contenu des films et sur leur écriture. J’ai arrêté la production et j’ai commencé à développer des projets, puis à les écrire.

Il y a trois ans, j’ai complété cette pratique développée de manière assez empirique, par une formation au Conservatoire Européen de l’Ecriture Audiovisuelle, qui m’a permis de me perfectionner dans les techniques d’écriture.  Notamment en mettant au service du documentaire, certaines méthodes de la fiction.

4/ Faut-il une qualité ou un talent particulier pour exercer ce métier ?

Je dirais qu’il faut une bonne capacité de travail, ainsi que de la rigueur en termes d’organisation de travail.

Il ne faut pas être quelqu’un de trop anxieux : l’intermittence de ce métier intègre des périodes plus calmes dans lesquelles il ne faut pas angoisser.

Il faut savoir s’adapter car chaque projet est différent, chaque réalisateur a une façon de travailler différente et même chaque producteur est différent !

Et bien sûr, il faut être curieux de tout ! L’enthousiasme et la passion d’apprendre est un excellent moteur.

5/ Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?

Les rencontres, l’apport de connaissances permanent, la sensation d’apprendre toujours.

6/ Si vous aviez une chose à changer, ça serait quoi ?

Je crois que le statut d’auteur de documentaire en France aujourd’hui, même s’il commence à être reconnu et précisé, reste instable, surtout quand l’auteur de documentaire n’est pas le réalisateur. Il y a une vraie réflexion à mener et de meilleurs équilibres à trouver entre le volume de travail, et la rémunération,  mais aussi sur la place de l’auteur, sa fonction, son utilité, et une certaine reconnaissance qui irait avec.

Dans les pays anglo-saxons, les choses sont beaucoup plus précises et cadrées.

7/ Une anecdote à nous raconter ?

Pour un documentaire sur « La véritable histoire du radeau de la méduse », nous avions basé le scénario sur l’objectif de reconstruire le radeau. Ecrire et projeter dans l’imaginaire est une chose, mais quand le film était en tournage, je suis venue sur place, et j’ai découvert le radeau reconstitué. De voir soudain ce que l’on a imaginé prendre forme est assez magique. Et là j’ai vraiment réalisé ce que ces naufragés avaient pu vivre et éprouver. L’écriture est au service du réel mais le réel reste le maître !

8/ Un conseil que vous aimeriez donner à un jeune qui veut faire ce métier ?

Si c’est une vraie envie et passion, il faut y aller, voir, discuter, échanger, regarder des films, des documentaires avec un regard critique.

Ne pas hésiter à écrire, se lancer, même si au début ce qu’on produit n’est pas terrible.

Ne pas oublier de se former régulièrement.

Et ne pas hésiter à commencer par travailler sur des postes qui ne sont pas tout à fait ce qu’on veut faire, mais qui peuvent nous permettre d’acquérir de l’expérience, de nouer des contacts, etc…

Vous avez des questions? Posez-les à Emilie via son profil JobIRL https://www.jobirl.com/mon-orientation/metiers/audiovisuel-cinema/scenariste.

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