Jean est journaliste sportif et il évoque son parcours et vous donne de très bons conseils. Lisez son interview ci-dessous ou écoutez-la !
Pouvez-vous nous présenter votre métier de journaliste sportif ?
Je suis journaliste sportif depuis 20 ans au journal L’Alsace à Mulhouse et formateur au Centre Universitaire d’Enseignement du Journalisme. Il y a deux parties dans mon travail : une partie de rédacteur qui consiste à aller sur le terrain, à rédiger, à faire des comptes rendus de matchs, à faire des portraits de sportifs que je rencontre, à rendre compte d’événements sportifs en général et une autre partie qui se passe au bureau qui concerne la mise en page, le choix des photos, la relecture des articles des autres journalistes, la correction des fautes.
Devez-vous vous documenter ?
Ce qui est intéressant en presse quotidienne régionale, c’est qu’on travaille sur des compétitions locales, mais aussi nationales et internationales. Car on suit des sportifs régionaux qui ont parfois une notoriété nationale et internationale. Personnellement je m’occupe du tennis : je vais donc suivre les résultats de Paul Henri-Mathieu, de Pierre-Hugues Herbert, des joueurs qui sont strasbourgeois, et qui font des tournois du Grand Chelem.
Vous devez bien connaître votre sujet ?
On est obligé d’être à la fois bon en journalisme et aussi connaître les sports mais c’est une culture sportive générale qui est demandée plus qu’une spécialisation. La vraie spécialisation qu’il faut avoir, c’est le journalisme ; on ne naît pas journaliste sportif. En tant que journaliste, on a au départ une formation pluridisciplinaire et ensuite on se spécialise sur le terrain ; on va faire des stages dans des rédactions sportives par exemple ; il y a maintenant des formations de journalistes sportifs ; il y a en une à Lille, mais on vous forme d’abord à être journaliste.
Il faut donc s’orienter vers une école de journalisme ?
Pour moi, il y a deux manières d’aborder ce métier ; il y a d’abord une formation théorique dispensée par les écoles, mais qui est tout à fait pratique. Plus l’école est renommée, plus il y a des intervenants, journalistes eux-mêmes, qui partagent leur expérience. D’un autre côté, s’il fallait donner un conseil aux jeunes qui veulent faire du journalisme, qu’ils n’hésitent pas à aller voir leur agence locale, même s’ils n’ont pas encore 18 ans, pour proposer leur service ; on peut être « correspondant » très facilement dans ce métier ; on va vous envoyer sur une manifestation et vous demander de la raconter aux lecteurs, de faire des articles ; vous allez être chapeauté après par un journaliste professionnel ; l’agence locale, c’est l’antenne d’un journal local qu’on a près de chez soi, dans toutes les villes. C’est un bon moyen de rentrer dans la profession et de voir si ça vous plaît, et aussi de se faire un peu d’argent de poche et de rencontrer du monde. Je crois, qu’à la fois que c’est une petite pratique du terrain et une formation « classique » à l’université, ça fait bon ménage pour entrer dans le journalisme.
Quelles sont les qualités et compétences requises pour exercer le métier de journaliste sportif ?
Avoir envie d’aller vers les gens, être curieux évidemment et pour la presse écrite , être à l’aise dans l’expression. En agence locale, on apprend aussi les ficelles du métier ; on va vous dire qu’il faut écrire court et aller à l’essentiel ; ça peut vous permettre de réussir un concours d’école de journalisme.
Quel a été votre parcours pour devenir journaliste sportif ?
J’ai fait une école de journalisme, mais avant j’avais eu un parcours un peu atypique ; j’avais fait un deug de Communication et Sciences du langage, et des études d’ethnologie et enfin un diplôme universitaire de cinéma ; c’est ce qui avait séduit l’école de journalisme de Strasbourg ; mais il n’y a pas de parcours type ; il faut faire attention à intégrer une école assez renommée ; il y a aussi un moyen un peu plus rapide : les IUT de journalisme qui ne demandent pas le niveau d’études des grandes écoles (Paris, Lille, Strasbourg…) où il faut BAC +2 BAC +3 pour passer le concours ; il y a donc plusieurs possibilités, plusieurs voies, en fonction du bagage que vous voulez avoir.
Qu’est-ce qui fait qu’on a envie de devenir journaliste ?
On aime rencontrer les gens, voyager. L’image de Tintin reporter fait rêver, mais ce n’est pas toujours le cas. Moi, j’ai eu la chance d’aller à Sydney alors que ça ne faisait que 5 ans que j’étais au journal ; il faut aimer aussi informer les gens, même quand l’actualité est moins gaie ; c’est toujours une relation qu’on crée avec la personne qu’on a en face de soi et qui est le sujet de notre article mais aussi avec la personne qui est au bout de la chaîne : le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur. On est un maillon de la chaîne de l’information. C’est passionnant.
Un beau souvenir pour finir ?
J’ai eu la chance de couvrir deux fois des JO à Sydney en 2000 et à Pékin en 2008 ; il y a aussi un bon moment qui me revient en mémoire, en 1996, sur un pari avec mon chef de service, j’ai pu partir à la finale de Coupe Davis Suède-France, parce que j’avais un pressentiment : je pensais qu’Arnaud Boetsch jouerait le dernier match décisif qui donnerait la Coupe Davis à la France et c’est exactement ce qui s’est passé ! Au niveau journalistique et au niveau émotion, on vivait quelque chose d’inoubliable. Il ne faut pas oublier que le sport est parfois l’un des seuls endroits dans un journal où l’on va donner des bonnes nouvelles aux gens.