Technicien supérieur de l’aéronautique, Joël est aujourd’hui chargé de projets pour le département simulation et vol à l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), il vous parle de son parcours et de son métier au quotidien.
En quoi consiste votre métier de chargé de projet pour la division simulation et vol à l’ENAC ?
J’ai postulé à cette offre de chargé de projet au sein du département technique, pour apporter ma connaissance informatique, en vue du développement de la simulation de vol. Je recherche des améliorations dans le fonctionnement des services annexes (mise en place de serveurs informatiques et maintien des services associés, calibration des systèmes visuels, logistique et organisation lors des déplacements de simulateurs, baisse des coûts de production et amélioration de la fiabilité des simulateurs). J’avais occupé des postes d’informaticien, d’électrotechnicien, d’électromécanicien, avec quelques base d’électronique, et de mécanique, acquises durant mes « vies antérieures ». A titre d’exemple dans la recherche d’amélioration, nous sommes passés d’un système de calibration d’écran courbe en point par point qui prenait 3 jours, à un système par caméra qui prend 1 heure.
Et concrètement si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?
C’est assez ouvert. Cela consiste à recouper les infos avec l’équipe. Nous sommes quatre personnes dans cette division. Il faut donc croiser ce que savent les uns et les autres. Il y a beaucoup de discussions pour savoir comment améliorer des systèmes qui ne fonctionnent pas ou qui ont tendance à tomber en panne. On discute beaucoup entre nous, de manière à rendre les simulateurs plus efficaces, plus autonomes pour éviter que l’on intervienne constamment dessus.
Les simulateurs de l’ENAC sont disséminés dans différents centres en France. Il y en a sur Melun, Saint-Yan, Grenoble, Biscarrosse, Montpellier, Carcassonne, Muret, et Toulouse. Nous sommes amenés à nous déplacer dans tous ces centres.
Par conséquent, pour éviter de trop nous déplacer, nous avons mis en place des systèmes de prises de contrôle à distance, qui nous permettent d’envoyer des infos rapidement par des réseaux privés et de les stocker sur des serveurs locaux de manière à pouvoir faire des manipulations sans avoir à se déplacer.
Concernant mon travail en lui-même, ce sont des tâches très variées, il m’est donc difficile de définir une semaine type. Nous discutons beaucoup de l’amélioration à apporter s’il y a une panne sur plusieurs simulateurs par exemple, et nous réfléchissons pour trouver une solution. Quand il n’y a pas de panne, je fais de la veille technologique, je teste des nouveaux systèmes visuels ou des mini pc,…C’est l’avantage de ce métier et c’est très stimulant.
Quel a été votre parcours et votre formation pour arriver à ce métier de chargé de projet pour le département simulation et vol à l’ENAC ?
J’ai commencé dans l’aéronautique pour le Ministère de la Défense. J’ai passé un concours sur la région Bordelaise pour être Ouvrier d’État électromécanicien d’aéronautique, c’est-à-dire technicien qualifié. J’ai travaillé dans un centre proche de Paris qui testait les moteurs d’avions de chasse et d’avions civils, et je m’occupais plus particulièrement de la partie électricité dans les bancs d’essais.
J’ai ensuite passé le concours pour entrer dans l’aviation civile. Dans un premier temps, j’ai travaillé en tant qu’électrotechnicien dans une centrale électrique à Brest, et je suis ensuite descendu sur la région Toulousaine pour devenir acheteur au SEFA. Comme j’avais une fibre informatique, j’ai évolué quelques années plus tard vers un poste d’informaticien. J’ai donc intégré le pôle informatique du SEFA. En 2011, le SEFA a rejoint l’ENAC, qui est depuis l’unique entité de formation aéronautique du ministère. Lorsque le poste dans la division simulation s’est libéré, j’ai fait une demande et celle-ci a été acceptée.
Avez-vous fait une formation pour être informaticien ?
On a cette possibilité en tant que technicien supérieur de l’aviation civile de couvrir plusieurs domaines, les formations en interne faisant le reste. C’est l’envie qui m’a guidé au tout au long de mes différents métiers. On peut parfaitement effectuer toute sa carrière sur le même poste ou changer de lieu ou de fonction au gré des ouvertures de poste, si tant et que l’on ait ou que l’on obtienne les prérequis.
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Quelles sont pour vous les qualités requises pour votre métier de chargé de projet ?
Mon précédent métier d’informaticien m’a appris qu’il faut être très à l’écoute des différents interlocuteurs et de leurs problématiques. C’est un travail d’équipe. Il faut donc prendre en compte rapidement les problèmes qui remontent des centres et avoir un esprit ouvert. On recherche toujours l’amélioration et la fiabilité des systèmes. Il est impératif de rechercher les nouveautés sur internet, et d’être à l’affût de tout ce qui peut limiter les dysfonctionnements et baisser les coûts.
Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier de chargé de projet ?
J’aime mon métier pour ce côté varié, la recherche d’amélioration et le fait que cela ne soit pas un travail répétitif. On peut partir sur le changement des projecteurs pour augmenter la qualité de la vidéo, et le lendemain se dire : « Et si à la place des projecteurs on prend des lunettes 3D ?». C’est un peu de la Recherche et Développement.
Si vous aviez quelque chose à changer dans votre métier de chargé de projet, ce serait quoi ?
Il est super ce métier ! C’est tellement varié que je ne sais même pas dire ce qu’il faudrait améliorer. En revanche ce qu’il ne faut surtout pas perdre c’est la cohésion d’équipe et cette volonté de toujours mieux faire.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait s’orienter dans cette voie ?
Il faut être très motivé parce que ce sont des métiers peu ouverts. Il n’y a pas grand monde qui peut travailler dans la simulation, notamment pour l’aviation. Il faut avoir des notions dans différents domaines : un peu de mécanique, un peu d’électronique… être touche à tout. Même si on ne connaît pas tout, il faut avoir quelques bases.
Le métier de technicien supérieur de l’aviation n’exige que peu de qualifications. Il faut avoir le bac (de préférence scientifique ou technique) et avoir intégré la formation après le concours. Concernant la simulation en elle-même, je pense qu’il peut être bien pour un jeune de commencer par un DUT (Mesures Physiques, GEII, GMP), notamment pour l’approche technique. C’est une bonne école car on touche à tout : l’électronique, l’électricité, la technologie… Un bac STI2D ou un bac S ou S-SI mène à un DUT pour devenir ensuite ouvrier d’Etat voire technicien.
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