Technicien en informatique industrielle : Julien vous explique son métier mystérieux

11/07/2017 Partager sur

Julien est technicien en informatique industrielle chez Equinix, le plus grand fournisseur de datacentres IBX et de solutions d’hébergement d’infrastructures au monde ! Il a accepté de nous parler de sa formation et de son métier au quotidien. Découvrez notre interview ci-dessous :

technicien en informatique industrielle

Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste votre métier ?

Je suis expert SCADA (en français : système d’acquisition et de contrôle des données), cet acronyme fait référence à des systèmes qui permettent de contrôler en temps réel des installations industrielles. Actuellement, mon poste est Responsable France du Building Management System (Gestion Technique du Bâtiment) pour la société Equinix. Je travaille à Saint-Denis et j’ai en charge l’automatisme et la supervision industrielle de huit data center. Equinix est une société américaine parmi les leaders mondiaux dans les centres de données avec 145 data center disséminés sur différents continents.

Les data center peuvent être assimilés à des usines de production d’énergie électrique et de froid. L’objectif est de fournir en permanence de l’énergie électrique haute qualité et une température de fonctionnement idéale pour les serveurs de nos clients. Mon métier consiste à développer des systèmes, basés sur des automatismes et des logiciels d’informatique industrielle, qui permettent aux responsables de site de surveiller la production et d’agir en cas d’avarie.

Plus concrètement, il faut programmer des automates pour qu’ils puissent mettre à disposition les données issus des équipements tels que les: groupes frigorifiques, armoires de climatisation, groupes électrogènes, tableaux électriques…

Sur la couche supérieure, nous retrouvons la supervision industrielle. Le développement du logiciel de supervision consiste à définir les tables d’échanges des variables avec les automates, réaliser des interfaces homme-machine pour animer en temps réel les équipements sur un écran, programmer le système de gestion des alarmes et l’archivage des variables dans des bases de données. Enfin je réalise aussi le développement de solutions de reporting pour extraire quotidiennement les données et envoyer automatiquement des rapports de fonctionnement des installations.

Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier de technicien en informatique industrielle ?

J’aime mon métier car d’une part il évolue en permanence, et d’autre part je ne fais pas tout le temps la même chose : on peut être au bureau ou sur le terrain la tête dans une armoire électrique !

L’automatisme est plutôt figé, une fois les langages de programmation appris, il n’y a pas trop d’évolution. L’informatique industrielle c’est tout le contraire ! Il y a de nombreuses compétences à acquérir et qui évoluent en permanence en fonction des réseaux, des versions logicielles…

Désormais, on commence à s’intéresser à des problèmes que nous n’avions pas avant l’arrivée d’Internet. Par exemple, la cybersécurité prend une place plus prépondérante alors qu’auparavant cette notion n’existait pas. Les postes de supervision étaient posés dans des usines sans accès internet et fermés au monde. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car de nombreux services des entreprises ont un besoin des données émises des systèmes de supervision.

J’aime beaucoup l’autonomie liée à ce métier et l’espace laissé à la créativité. Ma touche personnelle, c’est de faire des interfaces graphiques au design et à l’ergonomie poussée.

Je trouve cela très intéressant de travailler dans des milieux aux contraintes particulières (atmosphères explosives, risques chimiques…) et d’avoir la chance de travailler sur différents process de production : régulation hydraulique de rivière et de réseaux d’assainissement, carrière de pierres et granulats, traitement de déchets industriels, entrepôts de carburants…. Il faut se rendre compte que, sur un clic de souris, on peut mettre en route une usine complète avec des actionneurs gigantesques et ça c’est la magie de ce métier.

Si vous deviez décrire une journée type ?

Généralement mon profil se retrouve plutôt dans les sociétés de prestation d’intégration de systèmes d’informatique industrielle et d’automatisme.

La journée type d’un intégrateur pourra être différente en fonction de l’état d’avancement d’un projet. Elle se déroulera au bureau pour les phases d’étude et de réalisation, puis sur le site du client lors de la mise en service.

L’étude consiste à recueillir toutes les fonctionnalités attendues par le client et toutes les données d’entrée. Cela aboutira à l’élaboration d’un document appelé analyse fonctionnelle.

La réalisation, c’est la programmation des automates et le développement sur le logiciel d’informatique industrielle selon les spécifications du document écrit précédemment.

La mise en service, c’est l’installation du matériel sur le site et le test des fonctionnalités avec le support des autres fournisseurs d’équipements et des exploitants. En fonction de la taille du système à implémenter, cette période peut couvrir une semaine à plusieurs mois, elle est généralement génératrice d’heures supplémentaires ! Il y a enfin la formation des utilisateurs du système.

Dans mon cas, côté client final, la journée dépend des opérations planifiées à l’avance : les data center étant prévus pour évoluer en fonction de l’augmentation de la charge  des clients, je dois souvent intégrer de nouveaux équipements dans mon système de supervision. Dans le cas d’équipements ayant une nouvelle référence, je dois au préalable tester les tables d’échange avec l’appui du fournisseur. Parfois, ce sont de nouvelles fonctionnalités à implémenter liée à des projets d’amélioration de notre efficacité énergétique. Lors de grands travaux de construction, je suis également appelé à piloter les prestataires pour qu’ils nous livrent des systèmes de supervision clé en main.

L’exploitation restant prioritaire, en cas de demande urgente, je dois lâcher le travail en cours pour aider à trouver les problèmes ou sortir des rapports liées aux incidents.

Le reste du temps, j’essaye d’améliorer mon système de supervision pour qu’il soit plus simple à gérer au quotidien et rendre l’interface plus au goût du jour.

technicien en informatique industrielle

Quel a été votre parcours pour arriver au métier de technicien en informatique industrielle ?

J’ai fait un BAC S option technologie industrielle (BAC S SI), suivi d’un BTS Mécanique et Automatisme Industriel en alternance au CFA interprofessionnel d’Emerainville. La période d’apprentissage s’est déroulée dans un bureau d’étude électricité-automatisme où j’ai eu la chance de découvrir la supervision industrielle.

Ensuite, j’ai intégré une licence sciences et production industrielle, option maintenance en alternance également au CFA Descartes Marne-La-Vallée dans une filiale de Veolia. J’ai choisi l’option technologie des systèmes automatisés où l’on commence déjà à appréhender la partie automatisme et mécanique. Cela se complique au fur et à mesure des études, mais cette option donne déjà une bonne vision des compétences à obtenir pour exercer notre futur métier. Je me suis orienté vers l’informatique industrielle, qui n’est pas une voie d’études très connue et qui à l’époque n’existait même pas. C’était une spécialisation que l’on apprenait chez les fournisseurs de logiciels. Ces formations ont contribué à ancrer le socle mon expertise.

Quelles qualités faut-il pour exercer votre métier de technicien en informatique industrielle ?

Tout ce qui est relatif aux automatismes requiert une certaine logique de raisonnement, beaucoup de curiosité et d’ouverture : il existe de nombreux process différents et les appréhender permet d’augmenter son savoir-faire, sa culture technique et de facto son expérience.

Il faut être assez résistant à la pression lors des mises en service. Les systèmes d’automatismes et d’informatique industrielle sont généralement les dernières fonctionnalités que tout le monde attend juste avant la mise en exploitation !

Un bon relationnel est également primordial, il permettra de bien comprendre les attentes des utilisateurs et se révèle indispensable lors des formations.

technicien en informatique industrielle

Si vous aviez quelque chose à changer dans le métier de technicien en informatique industrielle ?

Je trouve qu’il n’existe peut-être pas assez de formations pour arriver à cette partie de l’informatique industrielle. Le retour est que de nombreuses sociétés d’intégration de systèmes d’informatique industrielle ont des difficultés à trouver des ressources bien formées. C’est un métier méconnu alors que la demande est grandissante.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut faire votre métier de technicien en informatique industrielle ?

Mon conseil serait de s’y intéresser très tôt pour suivre les bonnes voies de formation. Il vaut mieux parcourir les forums dédiés à ce sujet pour obtenir des informations car on n’a pas forcément de connaissances travaillant dans le domaine pour nous aiguiller. Il y a de grandes chances d’y trouver des interlocuteurs  passionnés qui ne demandent qu’à partager.

Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à contacter Julien, ou d’autres pros du secteur Informatique, Digital, Télécom en vous inscrivant sur JobIRL :

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