Scientifiques de haut vol, les chercheurs n’ont pas le temps de se reposer sur leurs lauriers. Ces spécialistes passent leur temps à progresser dans leur discipline. Un domaine obscur pour certains mais pourtant bien concret. Tour d’horizon avec Shebli Anvar, ingénieur-chercheur au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives)
On distingue deux types de recherche : fondamentale et appliquée. Expliquez-nous ?
La différence entre les deux, c’est l’objectif poursuivi . La recherche fondamentale est l’activité qui nous permet d’approfondir nos connaissances scientifiques et comprendre les lois fondamentales de l’univers sans forcément viser une application pratique. Elle est menée aussi bien au niveau théorique (hypothèses, équations, calculs…) qu’au niveau expérimental (expériences, mesures, instrumentation…).
En recherche appliquée, le but est d’obtenir la résolution d’un problème concret, lié à la vie humaine et d’y répondre en développant une technologie adaptée. Que ce soit dans le domaine médical où l’on cherche à guérir des maladies, dans le secteur automobile avec l’invention du moteur hybride par exemple, ou encore en intelligence artificielle avec l’apprentissage automatique comme la reconnaissance des visages, pour ne citer que cette application. Mais ces deux approches scientifiques se complètent et avancent ensemble.
Dans quels domaines et dans quelles structures en particulier les retrouve-t-on ?
Leur champ d’action est vaste : mathématiques, physique, biologie, chimie, médecine, agronomie, économie… En recherche fondamentale, comme les projets durent environ de dix à quinze ans, les postes de chercheurs se retrouvent plutôt dans les structures publiques, financées par l’État (Inserm, CNRS, CEA, INRA…).
Il en existe également dans les sociétés privées de prestige (IBM, Banque de France, Total…) mais ils tendent à diminuer.
En recherche appliquée, les offres sont plus larges. Car elles concernent les organismes publics, les entreprises privées et les structures privées à but non lucratif comme les fondations (Téléthon, Institut Curie…).
Quels sont les grands métiers de la recherche ?
Je citerais d’abord les théoriciens et les expérimentateurs . Les premiers, comme leur nom l’indique, travaillent sur des problèmes abstraits et théoriques. Les seconds, s’appuyant sur les travaux de leurs collègues théoriciens, analysent leurs données, développent et exploitent les dispositifs expérimentaux (télescopes, accélérateurs de particules, satellites scientifiques…).
Mais tous deux travaillent en étroite collaboration. Il y a ensuite les ingénieurs et les techniciens de tous les domaines techniques (informatique, électronique, mécanique, biochimie…).
Est-ce un domaine qui recrute et dans quels secteurs notamment ?
En recherche fondamentale, faute de budgets, le marché de l’emploi n’augmente pas vraiment. Toutefois il existe des secteurs qui ont le vent en poupe, comme l’intelligence artificelle, l’informatique ou encore l’énergie éolienne.
Et dans les années à venir le monde de l’environnement aussi est prometteur.
À partir de quel niveau d’études peut-on travailler dans la recherche ?
Il est possible d’accéder à un poste de technicien après un bac+2 ou un bac+3 . Il nous est déjà arrivé de recruter un bac pro en mécanique, mais c’est très rare.
L’idéal c’est bac+5 (ingénieur, Master 2) et bac+8 (Doctorat).
Quelles sont les différentes formations pour y accéder ?
Pour devenir technicien il faut, après un bac technologique, poursuivre pour obtenir un BTS Sciences et technologies ou un DUT Génie biologique ou chimique.
Les ingénieurs eux passent par les cases grande école ou université (Master 2), soit bac+5. Quant au cursus universitaire qui mène au doctorat, c’est bac+8, voire parfois plus, sans être pour autant certain de décrocher rapidement un poste fixe.
Aujourd’hui quelle est la place des filles dans la recherche et y sont-elles de plus en plus nombreuses ?
Dans le domaine de la physique elles représentent moins de 20% des effectifs . En biologie, c’est 50/50. Dans mon labo d’ingénierie logicielle c’est une femme pour onze hommes. Pourtant ce n’est pas faute de chercher à embaucher des femmes. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis ou dans les pays du nord de l’Europe, en France les mentalités évoluent plus lentement. Il n’y a pourtant aucune raison pour que les filles ne s’engagent pas dans ce que les anglo-saxons appellent les « STEM » (Science, Technology, Engineering & Mathematics).
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