1/ Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste votre métier de broker?
Je suis broker (courtier), un intermédiaire sur les marchés financiers, et plus précisément sur les obligations d’Etat en euro. Ces obligations s’échangent sur les marchés, et mon rôle est de coordonner ces échanges entre les banques. Pour simplifier, je reçois des ordres acheteur et vendeur sur ces obligations, je dois trouver des contreparties à mes donneurs d’ordres et trouver des accords sur le montant et les prix pour pouvoir les échanger.
2/ Et concrètement, si vous deviez décrire une journée type ?
La journée commence à 8h00 dès l’ouverture des marchés. Je préviens mes clients que je suis arrivée. Je regarde les news, m’informe du calendrier de la journée. Est-ce qu’il va y avoir des adjudications, est-ce que des chiffres importants sont attendus? Je dois me renseigner sur ce qu’il se passe partout dans le monde qui pourrait avoir un impact sur mon marché. Je transmets ensuite les informations importantes à mes clients et je leur parle beaucoup. Mon but est d’obtenir un maximum d’ordres. Je gère tout au long de la journée les ordres de mes clients, certains peuvent se travailler toute la journée, d’autres ne sont valables que quelques secondes. Il faut beaucoup communiquer entre collègues pour augmenter nos chances de traiter. Nous sommes une quinzaine pour couvrir l’ensemble des clients. Puis quand un « trade » se réalise, il faut calculer les termes, envoyer les confirmations, puis vérifier dans nos systèmes que tout est bien en place. Il peut y avoir des dizaines de « trades » par jour, je dois donc toujours être en alerte. En fin de journée vers 17h30, je vérifie que tout est ok avec le middle et le back office.
Et à 18h, c’est la clôture, je rentre à la maison !
3/ Quel a été votre parcours pour arriver à ce métier de broker?
J’ai fait l’ISEG une école de commerce à Paris, qui m’a permis de faire ma 3ème année aux Etats Unis, dans une université à San Diego en Californie. Je me suis spécialisée en finance de marché et voilà ! Master en poche, j’ai fait un stage en tant qu’assistant broker et j’ai été embauchée.
4/ Quelles qualités faut-il pour exercer le métier de broker?
Je dirai qu’il faut être un bon commercial, un peu psychologue aussi car il faut comprendre comment fonctionne chaque client. Il ne faut pas être fragile car comme tout va très vite, personne n’a le temps dans une salle de marché de dire les choses avec diplomatie. Donc il faut savoir encaisser et reconnaître ses erreurs sans se faire marcher dessus. Cela peut paraître paradoxale mais ce n’est pas le cas, il faut aussi savoir s’imposer et se faire entendre. Sinon on se fait écraser. Il ne faut pas être rancunier, car on se crie souvent dessus mais la minute d’après tout est oublié. Et il faut absolument bien parler anglais car c’est notre langue de travail. Et le top dans ce métier : avoir une bonne mémoire pour se souvenir des intérêts de nos clients mais aussi de ceux des autres.
5/ Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?
J’aime mon métier parce que ça bouge, parce que je dois être en alerte en permanence, parce que chaque journée est différente. Je repars tous les jours de zéro et chaque matin, il faut se battre pour faire une bonne journée. J’aime ce métier car grâce à lui j’ai mieux compris comment fonctionne l’économie et la finance au niveau international. Cela fait partie de l’actualité depuis de nombreuses années et il est bon de comprendre ce qu’il se passe et quels sont les enjeux. Il y a énormément d’enjeux géopolitiques dont je ne soupçonnais même pas l’existence.
6/ S’il y avait une chose à changer dans le métier de broker, ce serait quoi ?
Sur mon marché en particulier c’est du non-stop de 8h00 à 18h00, pas de pause déjeuner! Car les clients sont toujours là. Alors si le marché pouvait fermer 45 minutes, le midi ce serait pas mal ! Mais c’est un détail et ça n’arrivera pas ! Alors mieux vaut ne pas y penser !
7/ Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire le métier de broker?
Je lui conseille de travailler beaucoup surtout l’informatique et la programmation. Nos métiers sont en train d’évoluer, l’électronique prend une place de plus en plus importante. Etre bon dans ces domaines là est un atout !
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