Originaire de banlieue parisienne, Lucie, 20 ans, est étudiante à la Toulouse Business School en 3ème année de licence.
Quel est ton parcours, au lycée puis ton cursus jusque là ?
J’ai fait un bac STMG, j’ai pris l’option marketing en terminale, passé mon bac, puis j’ai décidé d’aller en classe préparatoire dans le lycée où j’ai étudié. J’ai fait 2 ans de classe préparatoire, passé les concours et maintenant je suis à TBS.
Peux-tu nous parler de la prépa (contenu des cours, volume horaire…) ?
C’était une prépa ECT. Au niveau des cours cela ressemble beaucoup à ce que l’on faisait en STMG, il y a des cours de management, d’économie, de droit… En terminale on doit choisir une spécialité entre marketing, ressources humaines, gestion, finance ou informatique. On a des mathématiques, ça reprend globalement les mêmes chapitres mais toujours en plus approfondi. On a aussi deux langues, Anglais et LV2.
Au niveau du volume horaire, on avait 34h de cours par semaine sans compter l’école (entre 2 et 6h par semaine). Il y a beaucoup de travail à la maison. Nous, on travaillait beaucoup en groupe histoire de se soutenir un peu, mais aussi pour profiter des connaissances des uns et des autres. Le weekend il est préférable de travailler un jour sur les deux journées disponibles.
Plus d’infos sur la Prépa dans notre dossier spécial
Au niveau du travail à fournir, qu’est-ce qui diffère entre TBS et ta prépa ?
Une fois les concours passés, tu es mélangé avec les S, ES, etc. Donc au concours on ne passe pas exactement les mêmes matières.
« Une fois arrivés en école, on a un avantage en tant que ECT : on a déjà fait du droit, du marketing, de la compta… »
Eux en général sont avantagés au niveau des maths, mais globalement les cours reprennent toute la base du droit, du management : certains cours t’ennuient car tu les as déjà vus en 1ère. Il y a beaucoup moins d’heures, beaucoup moins de travail à fournir à la maison, mais il y a beaucoup plus de travaux en groupe.
Comment l’as-tu vécu au quotidien ? Est-ce que tu as eu des difficultés pour t’adapter ?
Arrivée en prépa je savais que j’aurais beaucoup de travail à fournir, que j’étais ici pour bosser. Je pense que tout le monde vit la prépa différemment : au début c’est difficile car il faut travailler beaucoup plus qu’au lycée, mais il faut juste trouver son rythme, être organisé. Une fois trouvé, c’est faisable.
J’ai de la chance de l’avoir plutôt bien vécu : mon père étant prof en prépa, il m’a beaucoup soutenu, il sait ce que c’est. J’ai eu de la chance car je travaillais beaucoup, j’étais major de promo pendant mes deux années de prépa. Je le méritais car je travaillais beaucoup mais certains le vivent très mal et ont des difficultés même s’ils tiennent, car ils n’arrivent pas à trouver leur rythme, ou bien parce qu’ils n’ont pas assez de soutien.
« Au final on se rend compte que ce n’est pas aussi désagréable que ça de travailler, que c’est cool d’apprendre tout le temps de nouvelles choses. »
Je me rends compte, maintenant que je suis en école de commerce, que j’apprends beaucoup moins de choses : le fait d’être beaucoup moins stimulée m’ennuie beaucoup plus et la prépa me manque.
Quant à l’esprit de compétition, je pense qu’il en faut un peu aussi : à l’issue de la prépa, tu vas devoir passer un concours où tu seras classée, et tout va dépendre de ce classement. Cet esprit de compétition est un minimum obligatoire mais il y a des gens qui l’ont un peu trop, d’autres pour qui c’est un moteur et qui se disent « oui il faut que je sois au max » et cela les booste. Cela dépend vraiment de chacun.
Aujourd’hui, avec « Parcoursup », il y a désormais des attendus nationaux et locaux en fonction des formations. Que penses-tu de ces attendus ? Est-ce qu’ils reflètent bien la réalité ?
[Note : Pour la prépa ECT que Lucie a fait, les attendus sont les suivants : s’intéresser à la vie de l’entreprise, aux métiers du management, à la stratégie, finance, marketing, gestion des ressources humaines, gestion des systèmes d’information et entreprenariat, avoir un bon niveau de connaissances en économie, droit, management, sciences de gestion, attestées par les résultats obtenus en 1ère et au cours des dernières années de terminale, être prêt à s’investir à l’ensemble des autres disciplines, posséder des aptitudes à un travail régulier et avoir une capacité d’organisation, d’écoute, de persévérance et de curiosité, montrer des qualités de réflexion, d’argumentation, d’expression écrite et orale, et une capacité à mener des raisonnements logiques.]
Je pense que dans l’ensemble c’est plutôt vrai, mais on n’a pas besoin d’avoir toutes ces qualités. Par exemple, je n’étais pas à l’aise du tout à l’oral. Quelques soient les difficultés, ce sont des choses que tu vas apprendre en prépa. La capacité de travail par exemple, que je n’avais pas du tout avant de rentrer en prépa : la prépa permet d’apprendre à travailler. C’est pour ça que plein de gens qui font une prépa ne vont pas tenir le coup et arrêter au bout de la première année pour aller à la fac, en IUT ou autre. Dans tous les cas, une année de prépa n’est jamais perdue : cela apprend plein de choses au niveau méthode de travail. Les colles permettent d’apprendre à s’exprimer, et pareil pour les qualités de rédaction. On doit constamment faire des synthèses en économie, et cela permet d’apprendre. Mais il faut néanmoins s’y intéresser un minimum. A partir du moment où on a été en STMG, c’est des choses que l’on a déjà.
Ce domaine-là t’intéressait dès le départ ou pas du tout ?
Pas du tout, j’ai raté ma seconde, je ne bossais pas et j’étais à l’école pour m’amuser.
« J’avais en tête S ou ES, mais le conseil de classe venu, on m’a dit que c’était STMG ou le redoublement. La filière STMG est un peu vue comme la « classe poubelle », c’est un peu la voie de garage. »
Je n’étais pas forcément à la base intéressée par le commerce, mais je me suis dit « on verra ». Ce qui est super bien en STMG, c’est que les cours sont hyper concrets, cela aide à avoir une meilleure vision du monde dans lequel on vit, comment les entreprises fonctionnent. Pareil pour la culture générale, tu vas voir un truc à la TV et te dire « ah mais en cours on a vu ça ». Au final, les cours m’ont plu assez rapidement.
La prépa est vraiment une expérience à faire si on a envie d’essayer. J’ai plein d’amis qui ont arrêté la prépa au bout de la première année : ils ont immédiatement trouvé un IUT ou un BTS, même s’ils avaient des mauvaises notes en prépa car c’est quand même très valorisant.
« L’ambiance en prépa, c’est aussi quelque chose, tout le monde se serre les coudes, on est tous dans la même galère, et c’est bien à vivre : les amis que l’on se fait en prépa sont des amis pour la vie »
Tu aides les autres, en leur expliquant tu t’aides toi-même. Il y a une très grande solidarité. Ce qui est bien aussi en prépa c’est que l’on est très encadrés : les profs de prépa n’ont pas d’autres classes, ils nous connaissent donc tous individuellement et nous font des points régulièrement. Ça n’a rien à voir avec l’ambiance TBS, car en classe prépa, on était entre 30 et 35 élèves par classe par rapport à une promo de 500 à TBS.
L’école de commerce, c’est un peu comme la fac dans le sens où si tu ne viens pas en cours, c’est tant pis pour toi. Les profs ne te connaissent pas, et si tu leur envoie un mail, ils ne vont pas forcément te répondre. Pour le coup, il faut avoir eu l’encadrement de prépa pour pouvoir se dire « maintenant je suis en école, il faut que j’aille en cours ».
La nouveauté avec Parcoursup, c’est que les élèves doivent rédiger un projet de formation motivé. A leur place, qu’aurais-tu mis dans ce projet pour intégrer une prépa ?
Je trouve ça super difficile pour des élèves de terminale. Je suis actuellement à la recherche d’un stage et faire des lettres de motivation n’est pas facile. La prépa est tellement floue tant que l’on n’est pas dedans que c’est difficile de savoir. Il faut qu’ils expliquent qu’ils se sont bien renseignés, qu’ils ont conscience du fait qu’ils sont là pour travailler, car la prépa c’est ça : du travail et de l’organisation. Il faut montrer qu’ils sont curieux (cours, actualité), qu’ils disent pourquoi ils ont aimé les cours en STMG.
Tu as fini ta terminale il y a 3 ans. T’attendais-tu alors à faire ce que tu fais actuellement ? Et si oui, qu’as-tu appris en cours de route ?
C’est différent, je ne pensais pas du tout que j’irais en école de commerce. Je n’étais même pas sûre de faire une prépa. Je me suis découvert une capacité de travail que je ne pensais pas du tout avoir, et puis la prépa fait beaucoup mûrir. Je ne pensais pas non plus que je passerais des concours, car cela fait peur de se dire que l’on est classé sur toute la France.
« Quand j’étais en STMG, on nous prenait vraiment pour la « Classe Poubelle », pour les « Cas soc’ » : on finit par se dire qu’on a clairement pas les mêmes capacités que les autres »
Mais au final je suis à TBS, et certains qui étaient en S, qui avaient de meilleures notes que moi en 2nde, ont maintenant raté médecine, galèrent et ne savent pas quoi faire. D’autres ont fait S et ont passé les mêmes concours que moi : ils sont dans des écoles qui sont en-dessous de la mienne, donc cela ne veut absolument rien dire. Cela a été un avantage pour moi car je suis plutôt bien classée dans mon école et je comprends les cours mieux que ceux issus de S, étant donné que je les ai déjà eus.
Que penses-tu faire l’année prochaine ?
Je pense demander une alternance, parce que l’école coûte très cher et je n’ai pas d’expérience professionnelle : j’ai fait une classe préparatoire, je n’ai pas du tout eu le temps de travailler à côté. L’alternance est vraiment un moyen pour moi de mettre en œuvre tout ce que j’ai appris depuis que je suis en Première. Si je ne trouve pas d’entreprise je ferai un choix parmi les multiples parcours que nous propose l’école : partir à l’étranger, partir sur un campus, partir en université partenaire, faire le tronc commun à Toulouse…
Quels conseils donnerais-tu à un élève de terminale pour l’aider dans son orientation, de manière générale ?
Essayer et tenter de faire ce que l’on désire, sinon on a des regrets. L’échec n’est pas une fin en soi, on apprend beaucoup de nos erreurs. Ne pas écouter les gens, ni aller là où ses amis vont juste pour être avec eux. Si j’avais écouté les autres, jamais je ne serais allée en classe prépa, mais en BTS où j’aurais raté mes études, fait quelque chose qui ne me plait pas. Il ne faut pas se spécialiser si on n’en a pas envie. J’ai aussi fait la prépa car c’était le moyen pour moi de prouver que j’étais capable de faire quelque chose de difficile.
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