Chloé, sellier garnisseur vous parle de sa formation et de son métier au quotidien. Découvrez ci-dessous notre interview sur le métier de sellier garnisseur :
Pouvez-vous expliquer en quoi consiste le métier de sellier garnisseur ?
Lorsqu’on est sellier garnisseur, on confectionne les sièges de transport principalement. Mais cela peut aussi être la confection d’autres types de produits (par exemple, pour une voiture : la moquette, les panneaux de portes, les plafonds…). On peut concevoir des sièges prototypes qui seront ensuite produits en série (exemple : siège de voiture pour Peugeot / Renault), mais aussi travailler dans le secteur du luxe avec des matériaux plus nobles. Cela nous permet d’aborder plusieurs secteurs d’activités : aéronautique, automobile, moto, bateau, loisirs (sacs à dos, sacs de couchage, tentes). Le métier de sellier garnisseur est proche du métier de tapissier – qui lui est plus spécialisé dans les revêtements d’intérieurs. La diversité des matériaux que l’on travaille (toiles techniques, voiles d’ombrages, cuirs, textiles, mousses…) fait que ce métier est très intéressant. On ne fait jamais la même chose – on est assez polyvalent (conception et réalisation). Il y a beaucoup de créativité et de relations avec le client ; pour moi, on participe au confort des personnes lorsqu’on crée des sièges.
Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?
Je m’occupe du traçage, de l’ajustage, et de la découpe du matériau. Les logiciels 3D commencent à être de plus en plus présents, même dans l’artisanat, ce qui nous permet de gagner beaucoup de temps. Dans l’industrie : on travaille avec un designer, en partant d ‘un dessin 3D, qu’on sépare en pièces qui sont découpées à la découpe laser, pour être assemblées ensuite sur des machines à coudre spécifiques. Dans l’artisanat : on va partir d’un modèle existant ou créer une structure en mousse. On fait ensuite un relevé de formes pour pouvoir couper notre matière et assembler les pièces (coutures à la machine) et poser sur le prototype. L’industrie est assez moteur dans les métiers de l’artisanat, car elle teste et impose souvent une nouvelle manière de travailler, plus à la pointe de la technologie. Il s’agit d’un travail d’équipe, car soit on échange directement avec le client dans l’artisanat, soit avec les ingénieurs produits, les prototypistes ou les designers dans l’industrie. J’aime particulièrement la collaboration avec les designers, car parfois en se focalisant trop sur l’aspect technique, on se bride un peu l’esprit. On n’est jamais toujours tout seul sur un projet, car on travaille avec d’autres corps de métier. Et c’est important de s’ouvrir à ces autres métiers là, car nos compétences sont complémentaires.
Quel a été votre parcours pour exercer le métier de sellier garnisseur ?
C’est une reconversion pour moi ! J’ai travaillé pendant 4 ans chez un opticien, sans grande conviction. Ce qui me plaisait dans l’optique, c’était le travail manuel du montage des verres sur les montures. Je me suis alors tournée vers les compagnons, et le travail des matériaux souples m’a tout de suite attirée. Deux métiers s’offraient alors à moi : tapissier et sellier. La révélation s’est faite lors de ma semaine découverte chez l’artisan Sellier qui m’a accueilli et qui m’a proposé de rester chez lui pour l’apprentissage pour mon CAP sellier-garnisseur pendant 2 ans. A la suite de mon CAP, je suis partie en Tour de France : Bruxelles (où j’ai découvert le secteur de l’automobile) / Australie (secteur nautique) / Toulouse (secteur aéronautique) / Lyon (artisan – toiles techniques entre autre) / Lille (secteur loisir – au siège social de Décathlon). Puis je suis revenue sur Toulouse, ou j’ai pris un poste de Développement de l’Apprentissage auprès du Prévôt des Compagnons du Devoir de Colomiers, poste que je termine fin juillet.
Faut-il une qualité ou un talent particulier pour exercer ce métier ?
Il faut avoir une bonne motivation et une bonne dextérité. L’objectif étant de pouvoir se faire plaisir sur le métier.
Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?
La diversité : malgré mes 7 ans de formation, je n’ai pas encore vu tous les aspects de mon métier ! Il dois encore me perfectionner sur certains secteurs. A travers ce métier, je me sens libre : il y a tellement de possibilités.
Si vous aviez une chose à changer ?
Dans l’artisanat, l’évolution des technologies peut faire peur. Il faut pouvoir s’adapter rapidement.
Une anecdote à nous raconter ?
Un jour, un client est venu nous voir pour couvrir une banquette de 4 mètres de long : il la voulait en cuir et surtout, sans couture en plein milieu… On lui a répondu « Mais Monsieur, avez-vous déjà vu une vachette de 4 mètres de long ?? »
Un conseil que vous aimeriez donner à un jeune qui veut faire ce métier ?
Foncez ! Essayer ce métier c’est l’adopter ! Faites ce que vous aimez faire. Ce métier regorge de possibilités, qu’on ne connaît pas forcément de prime abord.
Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à contacter des pros du secteur de l’Artisanat d’art.
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