Marion, médiatrice culturelle a répondu à nos questions sur le quotidien de son métier et son parcours. Découvrez ci-dessous notre interview sur le métier de médiateur culturel :
Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste votre métier ?
Je travaille au Musée Lambinet à Versailles et mon métier consiste à documenter des œuvres et à les rendre accessibles aux publics, c’est-à-dire par tous les moyens possibles, faire en sorte que le public rentre en contact avec les oeuvres, qu’il les comprenne, qu’il se les approprie. Je gère tous les programmes culturels autour de ces œuvres, par exemple par le medium de la musique ou de la danse ou de simples visites-conférences, des ateliers plastiques, des interviews de restaurateurs de peinture ou de sculpture.
Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?
Je peux m’occuper à la fois de programmation, je vais réfléchir en parallèle avec une exposition qui va avoir lieu à l’automne prochain, à tout ce que l’on va pouvoir proposer, que ce soit aux scolaires, aux individuels enfants, individuels adultes. Je peux commencer à prendre contact avec certaines personnes, je peux avoir une réunion avec le directeur des affaires culturelles de la ville de Versailles. J’accueille aussi un spécialiste qui vient parler de la restauration qu’il a faite de toiles. C’est arrivé il y a une dizaine de jours, une restauratrice a récupéré des toiles d’un peintre de la fin du 19ème siècle, et est venue parler de son travail, de ce qu’elle a fait autour de ses œuvres, pourquoi, comment ? et moi, j’oriente ses propos, je lui pose des questions. Je peux avoir un groupe à guider dans l’exposition temporaire et avoir à gérer des conférencières pour d’autres groupes car je ne peux pas être partout. Je suis en charge de les appeler pour savoir si elles sont disponibles pour telle exposition et parfois, j’accueille des journalistes qui sont très intéressés pour voir l’exposition qui vient d’ouvrir et qui viennent préparer un reportage ou une interview.
Travaillez-vous seule ou en équipe ?
Alors, à la fois, ça peut être solitaire parce que quand je dois préparer une visite conférence, je vais me documenter, aller dans les bibliothèques, c’est un travail personnel. Par contre, lorsque j’ai un contact avec le groupe, ça devient très interactif au contraire. Au musée, je travaille avec une documentaliste, qui va me conseiller en me disant qu’il y a tel article intéressant qui vient de sortir. Il y a aussi quelqu’un qui s’occupe de la régie des œuvres, c’est-à-dire quelqu’un qui gère les déplacements des œuvres qui partent tous les jours pour des prêts, qui reviennent, ou qui sont partie en restauration. Souvent, je lui demande si je peux trouver telle ou telle œuvre dans les réserves car ce serait plus intéressant dans une visite, donc je la fais sortir, je regarde son état, etc…
Quel a été votre parcours Marion pour arriver à ce métier ?
J’ai fait hypokhâgne et khâgne, j’ai fait ensuite des études d’histoire et en parallèle avec ma maîtrise d’histoire, j’ai fait L’Ecole du Louvre (les trois années du 1er cycle où on se spécialise, je me suis spécialisée en architecture et décor) puis un DESS en gestion du patrimoine culturel. J’ai travaillé dans d’autres domaines, pour le Ministère de la culture, j’ai assez vite fait des visites-conférences en montant ma propre structure. En fait, j’avais vraiment envie de me concentrer sur une seule collection, de la mettre en valeur.
Faut-il une qualité ou un talent particulier pour exercer ce métier ?
Il faut avoir envie d’être sur le terrain, c’est-à-dire d’être auprès des œuvres mais sur le terrain, pas forcément uniquement dans les bibliothèques. Il faut aimer transmettre aussi, partager avec les autres, être pédagogue et inventif c’est-à-dire qu’il faut arriver à imaginer de nouvelles façons de voir les choses, de nouveaux concepts, de théâtre par exemple au milieu des œuvres, toujours avoir envie de renouveler.
Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?
Je suis passionnée par l’histoire de l’art et vu que ça bouge tout le temps, je découvre des choses tous les jours. J’ai la chance d’être auprès de belles choses, en général, les gens nous envient beaucoup. Etant donné qu’on redécouvre les œuvres tout le temps, même si le Musée Lambinet n’est pas Le Louvre, j’ai l’impression de trouver de nouvelles choses, ça fait toujours plaisir.
Une anecdote à nous raconter ?
A l’époque, j’étais conférencière au Grand-Palais à Paris, il y a avait une exposition consacrée à la reine Marie-Antoinette, et on me dit que j’allais recevoir des gens un peu particuliers. J’avais compris que c’étaient des hommes politiques et en fait, je suis tombée sur le ministre Jack Lang et sa femme qui venaient visiter l’exposition. Nous étions au milieu du public, c’était une surprise.
Un conseil que vous aimeriez donner à un jeune qui veut faire ce métier ?
Il faut être persévérant, ne jamais baisser les bras parce que c’est un métier assez dur, il ne faut pas refuser de travailler les week-ends par exemple. Pendant les études, on a l’impression que c’est très long et qu’il faut avaler des catalogues d’exposition. Nous sommes beaucoup sur le marché du travail, il faut vraiment s’accrocher, ne jamais perdre espoir, ça se révèle payant.