Florian est maçon et vous explique son parcours et son métier au quotidien. Lisez ci-dessous notre interview sur le métier de maçon :
1/ Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste votre métier ?
Le métier de maçon amène à construire et rénover des bâtiments. Et peut regrouper plusieurs notions : on commence comme maçon et on évolue vite. On peut vite avoir de petites responsabilités, devenir chef d’équipe, puis chef de chantier, conducteur de travaux. On peut exercer ce métier dans différents secteurs d’activités : les pavillons individuels, le gros œuvre, le génie civil (ponts, bâtiments hors du commun), la restauration du patrimoine (vieux bâtiments historiques, matériaux anciens). Pour être maçon, il faut avoir des connaissances dans beaucoup de domaines : fondation, terrassement, lecture de plans, mais aussi connaissance des autres corps de métiers pour pouvoir travailler avec tous les professionnels qui viennent après nous sur les chantiers. Il faut donc avoir certaines qualités humaines. Et on est de plus en plus sensibles à la formation dans le secteur du bâtiment. Le CAP n’est pas une finalité en soi, ce n’est que le départ.
2/ Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?
J’ai occupé plusieurs postes dans des secteurs différents, grâce aux Compagnons. Pour parler plus concrètement du poste de chef d’équipe, il y a plusieurs types de tâches :
– A l’atelier : préparation du camion : outils, matériaux et préparation des commandes auprès des fournisseurs.
– Sur le chantier : implantation, lecture des plans, terrassement, montage des murs.
– En tant que chef d’équipe : contrôle du travail des ouvriers et des sous-traitants, mais aussi du travail des autres corps de métier (gestion des ressources humaines importante).
– Pendant les réunions de chantier (avec l’architecte par exemple) : faire le point sur l’avancement des travaux, les problèmes rencontrés, sur les plannings à venir, et faire ensuite un compte-rendu aux équipes.
3/ Quel a été votre parcours pour exercer le métier de maçon ?
J’ai d’abord fait un bac général, je voulais travailler dans la restauration du patrimoine et la rénovation. Puis j’ai fait un CAP maçonnerie en un an et j’ai travaillé dans le gros œuvre, le ferraillage et le béton (qui devient aujourd’hui presque une spécialité).
J’ai ensuite réalisé mon Tour de France des Compagnons du Devoir :
– dans le Nord de la France, j’ai travaillé avec un artisan qui faisait de la maçonnerie traditionnelle (notamment enduits à la chaux).
– A Revel : j’ai fait de la lecture de plans et du gros œuvre
– A Annecy : j’ai travaillé la pierre naturelle pour du dallage et des murs traditionnels
– A Nantes : uniquement du pavillon
– A Rennes : j’ai suivi le chantier de monuments historiques et travaillé la terre uniquement
– A Nîmes : j’ai travaillé avec plusieurs matériaux et plus spécifiquement la brique collée
Je suis parti ensuite en Bolivie pendant un an pour construire une église en briques. De retour en France, j’ai suivi quelques chantiers de grosse rénovation (on ne garde que les couches extérieures, on refait tout l’intérieur). Et depuis octobre 2013, je suis à Colomiers, Prévôt de la Maison des Compagnons et du CFA, jusqu’au mois de juillet 2016. Je repartirai ensuite dans le bâtiment.
4/ Faut-il une qualité ou un talent particulier pour exercer le métier de maçon ?
Il faut aimer les relations humaines, être assez sociable : on est tout le temps en travail d’équipe. Un maçon ne peut pas travailler tout seul. Il faut avoir des connaissances diversifiées pour pouvoir évoluer, être curieux, à l’écoute car les matériaux et technologies évoluent vite.
5/ Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?
La diversité des tâches, on ne fera jamais deux fois le même chantier, les matériaux évoluent d’une région à l’autre, les techniques ne sont pas les mêmes… Et notamment dans la rénovation, où on doit en plus se confronter à l’histoire du bâtiment.
6/ Si vous aviez une chose à changer ?
Souvent les problématiques que l’on a sont climatiques : mais malheureusement nous ne pouvons pas changer cela ! Et la reconnaissance du métier : les gens ont souvent une méconnaissance du métier et on est soumis à une image un peu négative alors que c’est un métier qui peut ouvrir beaucoup de portes !
7/ Une anecdote à nous raconter ?
A 18 ans, je venais d’avoir mon permis et en plus de devoir gérer une équipe de personnes bien plus âgées que moi, on m’a demandé de conduire un camion benne… j’ai renversé par mal de béton sur la route, mais je suis arrivé à bon port heureusement et sans souci !
Avec les Compagnons, on se retrouve vite dans des situations que l’on n’aurait pas imaginé devoir gérer, et cela nous donne de l’expérience.
8/ Un conseil pouvez-vous donner à un jeune qui veut faire le métier de maçon ?
Ce n’est que par les expériences sur le terrain qu’on apprend et qu’on avance. Voyez le métier que vous voulez faire et ensuite, renseignez-vous sur les diplômes ! Allez sur le terrain, faites des stages, questionnez les professionnels ! Et une fois que vous avez trouvé le métier qui vous plaît, soyez patients : un métier ne s’apprend pas tout de suite, il faut du temps, de la patience, et des erreurs.