André Dupon, entrepreneur social a répondu à nos questions sur le quotidien de son métier et son parcours. Découvrez ci-dessous notre interview sur le métier d’entrepreneur social :
- André Dupon, vous êtes Président du Mouvement des entrepreneurs sociaux, pouvez-vous expliquer en quoi consiste le métier d’Entrepreneur Social ?
Un entrepreneur social, c’est un dirigeant d’entreprise sociale qui va, comme tout entrepreneur, créer des richesses sauf qu’elles vont être au service d’un projet social, c’est une personne qui va à la fois vouloir donner du sens à l’entreprise qu’il va créer et qui va aussi être tout à fait rigoureux dans la façon de développer son activité, sur un marché, dans un environnement compétitif ; c’est un entrepreneur de demain qui va à la fois combiner l’efficacité économique et l’intérêt général.
- Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?
Pendant les 20 premières années de mon parcours, j’étais éducateur auprès de jeunes délinquants. Au nom du Tribunal pour enfants de Lille, je devais placer des jeunes en difficulté dans des établissements spécialisés ; le chômage commençait à faire des ravages Ces jeunes avaient une double peine car à la fois ils présentaient des troubles du comportement et en même temps, ils ne trouvaient pas d’emploi, compte tenu de leur faible qualification ; nous avons été plusieurs travailleurs sociaux, un peu militants, à aller voir des chefs d’entreprises du Nord-Pas-de-Calais, pour leur dire : confiez-nous des chantiers pour ces jeunes, puis la greffe a prise, nous nous sommes bien développés pour compter aujourd’hui 14 entreprises sociales pour un effectif de 3000 personnes ; C’est une belle histoire.
- Est-ce qu’il y a un parcours particulier à conseiller aux jeunes pour devenir entrepreneur social ?
Pas vraiment. Il y a deux générations d’entrepreneurs sociaux ; celle dont je suis, des pionniers qui n’étaient pas préparés à faire du business au service d’une cause sociale ; aujourd’hui il y a beaucoup moins d’argent public pour aider ces entreprises, et nous avons de plus en plus, une génération, c’est le cas dans mon équipe rapprochée, de jeunes entre 25 et 30 ans qui prennent les commandes et qui sont issus de grandes écoles de commerce par exemple, mais il n’y a pas de parcours type. Pour créer et développer une entreprise sociale, il faut d’abord être habité par un projet personnel fort, vouloir donner du sens à son existence professionnelle et au-delà, vouloir abolir les frontières entre la sphère économique et la sphère sociale.
- Faut-il une qualité ou un talent particulier pour exercer le métier d’entrepreneur social ?
Il faut être multitâche ! Il y a beaucoup de « paperasserie » à faire (pour les élèves en difficulté, les sorties scolaires…), et on ne s’en doute pas vraiment à première vue.
Les gens ne se rendent pas compte non plus de tout le travail en amont (hors classe) – il y a beaucoup de réflexion sur les cours.
Avoir un bon sens de la pédagogie, et avoir un peu d’expérience (hors école) permet de prendre un peu de recul.
- Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier d’entrepreneur social ?
C’est l’un des rares métiers dans lequel on peut réaliser un rêve personnel, s’accomplir, et en même temps conduire des projets qui répondent à des vrais besoins sociaux, dans un pays où en l’exclusion grandit. Aimer ce métier c’est passionnément et éperdument.