Il vous parle de la création de son entreprise wantmore.work et de son métier au quotidien.
Vous avez décidé de quitter Grant Thornton et de créer votre entreprise Wantmore.work, qu’est-ce qui vous a donné envie de changer et de devenir entrepreneur ?
Tout d’abord, la volonté de travailler pour moi et plus pour les autres. Rétrospectivement, au fond de moi, un goût pour l’innovation, la nouveauté et la construction plus que pour les process ; j’ai toujours été entreprenant dans ma manière de travailler. Ensuite, en tant que DRH, et observateur de l’évolution du monde du travail, j’ai acquis la conviction que le salariat tel que nous le vivons ne sera plus la règle dans le futur. On assiste à une évolution sociologique de la relation au travail : moins de subordination, d’encadrement, de tâches et beaucoup plus d’autonomie, de missions, projets, d’objectifs à réaliser. D’ailleurs, quand on y regarde de plus près, on demande de plus en plus aux salariés de prendre des initiatives, d’être responsable au-delà d’une stricte exécution. On parle d’intrapreneurs. C’est un peu comme si le régime des intermittents du spectacle se banalisait. Ce n’est pas subi contrairement à ce que certains pensent, c’est même souhaité par beaucoup de personnes : pouvoir travailler à son rythme.
Comment votre entourage a réagi à ce changement ?
C’est un saut qui n’est pas évident tant en France on est attaché à un statut. Autant maintenant (mais depuis peu de temps) pour un jeune lancer une startup n’est plus synonyme de déraison (mais c’est encore difficile de faire valoir sa pleine place dans les dîners en ville), autant à 45 ans, ce n’est pas la même chose, a fortiori quand vous quittez un poste de direction (Comex) dans une boîte internationale ! J’ai eu la chance d’avoir un entourage qui a compris mes motivations, sur qui compter et qui m’a soutenu dans mon projet. Mon épouse, mes enfants, ma famille proche dans un premier cercle. Mais aussi des amis et des appuis professionnels. Et attention, ce type d’aventure est aussi l’occasion de mesurer les vrais amis, les beaux parleurs et ceux qui vous aident réellement.
Après 14 mois d’activité, où en est votre projet ?
WantMore.Work est une plateforme de connexion professionnelle pour mettre en relation des consultants et des entreprises qui ont des besoins en matière de conseils stratégiques, organisationnels, informatiques…. Nous avons actuellement + de 10.000 consultants référencés. La société a été créée, il y a eu les premiers recrutements, l’installation puis les autres recrutements. Aujourd’hui, près de 16 personnes travaillent pour la structure. Nous commençons à encaisser nos premiers euros de chiffre d’affaires avec un beau carnet de commande. C’est le nerf de la guerre de l’entrepreneuriat.
Quelles difficultés avez-vous rencontré en tant qu’entrepreneur ?
On a beau être préparé, quitter une grande organisation pour une petite, c’est un changement de culture : beaucoup de petites choses prennent tout d’un coup de l’importance comme l’imprimante qui ne fonctionne pas, le fournisseur d’accès internet à relancer, l’ouverture de lignes téléphoniques, l’organisation physique des bureaux, l’entretien des lieux etc. Time consuming ! Et tout cela avec le projet qu’il faut faire tourner et les clients à aller chercher. Entrepreneur c’est un peu comme un couteau suisse, il faut savoir tout faire. J’ai aussi appris à avancer parfois moins vite. Enfin l’une des plus grosses difficultés a été le manque de notoriété : constituer une équipe de développeurs informatiques dans un marché sous tension et très demandeur alors même que nous n’avions aucune existence, aucune référence n’a pas été de tout repos.
Quelles sont vos tâches au quotidien ?
Ce sont des tâches très variées. Pour que le projet avance dans son ensemble, il faut rapidement pouvoir déléguer pour éviter l’asphyxie d’où l’importance de recruter les bonnes personnes. Mais avant de recruter il faut savoir précisément ce que l’on veut faire et comment. Donc nous avons passé beaucoup de temps au départ à décliner de manière très précise dans tous ses détails notre intuition devenue idée : beaucoup d’échanges avec des professionnels, de rédaction de note, de confrontation d’idée et de synthèse. Puis est venu le temps du recrutement et de la mise en exécution de notre projet.
A ce moment-là, il faut accepter non pas de travailler sur son domaine d’excellence mais sur ce qui n’avance pas. Du coup on fait plein de choses différentes. Aujourd’hui, une journée type (cela me fait drôle de dire cela car il n’existe pas de journée type dans l’entrepreneuriat) serait : je commence tous les matins par une pige sur les réseaux sociaux suivi d’un community management. Généralement ma matinée est réservée au RDV commerciaux et démarchage clients. L’après-midi est, elle, réservée aux opérations : coordination des équipes, « débuggage », gestion des priorités et veille sur les talents (toujours en veille active sur les réseaux). En fin de journée, retour au commercial et à la communication dans les différentes réunions professionnelles ou coquetels pour faire connaître notre solution, échanger, parler de nous.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce métier ?
C’est le fait de construire, de partir d’une feuille blanche et de donner une concrétisation à une idée, c’est magique ! même si parfois c’est difficile et que l’on se demande ce que l’ont fait dans cette galère.
Quelles sont les qualités indispensables pour être entrepreneur ?
L’entêtement et l’écoute, il faut à la fois de l’humilité et savoir être tenace. C’est un dosage qui n’est pas simple mais qui se fait à l’aune de ses erreurs. Il ne faut donc pas avoir peur de se tromper, au contraire même !
Est-ce que vous auriez voulu vous lancer plus tôt ?
Je me suis souvent posé cette question, je pense que quand on est jeune il ne faut pas hésiter à se lancer, il ne faut pas attendre, l’important n’est pas forcément l’idée, mais le moyen d’y arriver et souvent c’est une rencontre qui est le facteur déclenchant.
Avez-vous des craintes ?
Non pas du tout, ce n’est pas dans mon mode de fonctionnement. Je capitalise toujours sur ce qui me plaît pour aller plus loin. Je ne me bloque pas sur un échec, j’apprends. Je ne me dis jamais à l’avance que ce que je fais ne marchera pas.
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