En quoi consiste votre métier de contrôleur aérien ?
Dans le métier de contrôleur aérien, il y a deux statuts. Les techniciens supérieurs de l’aviation (TSA) qui seront contrôleurs aériens dans des aérodromes et les ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) qui seront contrôleurs aériens dans les aéroports ou les centres en route. Je suis en formation à Orly en ce moment, mais à ma sortie d’école, j’ai commencé à l’aéroport de Deauville.
Quelles sont les tâches que vous effectuez lors d’une journée type ?
On est sur des plages horaires d’ouverture très larges donc cela fonctionne par cycle de travail il y a des matinées, des journées et des soirées puis des jours de repos pour récupérer, car ce sont des journées assez intenses. À Deauville, la plage d’ouverture était de 6h-22h (une vacation le matin de 6h à 16h, une vacation de journée de 9h à 20h et une vacation de soirée de 13h à 22h … des vacations donc d’environ 10h et à Orly c’est à peu près la même chose. Il y a évidemment des pauses pendant ces périodes, à peu près une pause toutes les 2 heures. Selon la taille de l’organisme, le fonctionnement est différent. On change de position de contrôle régulièrement pour qu’il n’y ait pas trop de lassitude.
Il n’y a aucun schéma classique de journée, en prenant le cas d’Orly il y a une dizaine de positions et c’est le chef de tour qui va organiser le planning pour faire en sorte que chacun change de position pendant la journée.
Combien êtes-vous par équipe ?
Sur les grands centres, c’est un fonctionnement par équipe et sur les petits centres c’est un fonctionnement plus individualisé. Le nombre de contrôleur par équipe dépend de l’organisme (entre 15 et 25). il faut suffisamment de personnes pour utiliser chaque position, permettre de prendre des congés, faire des stages ou des formations. Pour certaines positions, à Orly, il arrive qu’il faille être en binôme, un contrôleur va parler aux avions et un autre va se coordonner avec les contrôleurs des centres adjacents. Les centres en route, par exemple sont toujours en binôme, ils sont au nombre de 5 en France : Brest, Reims, Paris, Aix et Bordeaux qui se partagent l’espace aérien au-dessus de la France.
Utilisez-vous beaucoup l’anglais ?
Cela dépend des organismes, mais il est nécessaire de parler et comprendre l’anglais avec un certain niveau.
Quels outils et méthodes utilisez-vous ?
Au micro, le contrôleur parle et le pilote répond. C’est un jargon très codé pour éviter les confusions. À chaque fois qu’il y a une communication (une clairance) le pilote va répondre ce qu’il a entendu pour être sûr. Et il n’y a pas plusieurs communications en même temps, soit le pilote parle, soit le contrôleur parle, mais ils ne peuvent pas parler en même temps au risque d’être inaudible.
Ensuite, il y a le téléphone pour se coordonner avec un centre adjacent ou un autre secteur de contrôle du même organisme. Si je prends le cas d’Orly, le contrôleur qui va s’occuper des décollages et atterrissages de la piste peut avoir besoin de se coordonner avec le secteur arrivée ou départ. À l’horizon 2020, nous allons passer à un environnement électronique. Pour l’instant, nous avons des outils comme le radar et chaque avion est matérialisé par un « strip » qui est une bande de papier qui résume les informations de chaque avion, l’indicatif d’appel, le type d’avion, le terrain de départ, le terrain de destination, la route et le niveau de vallon. Nous passerons donc à un système électronique où ces informations seront disponibles sur nos écrans.
Quel a été votre parcours pour arriver à ce métier ?
Comme la grande majorité des ICNA, j’ai fait une prépa maths (Sup. Et Spé). On peut également passer le concours en étant titulaires d’un dut et BTS scientifique, mais les lauréats sont en grande majorité issu de prépas. Pour les TSA, le niveau bac est demandé, et peuvent devenir ingénieurs par promotion interne. Moi, j’ai fait le parcours classique prépa math puis le concours. C’est un concours qui est propre aux contrôleurs aériens, vous trouverez pas mal d’infos sur le site de l’ENAC, c’est un concours QCM sur les matières scientifiques et l’anglais, il y a des annales qui permettent de bien s’y préparer.
Il faut enfin savoir qu’en entrant à l’ENAC vous avez le statut de stagiaire fonctionnaire, et que vous êtes donc payé, est loin d’être négligeable pour être autonome. Quand on passe de l’école à la pratique il y a un temps de formation qui varie de 1 an à 3 ans.
Il n’est pas difficile de changer d’organisme et chaque changement s’accompagne d’une formation plus ou moins longue pour appréhender les spécificités locales.
Quelles qualités faut-il pour exercer votre métier de contrôleur aérien ?
Je ne pense pas que le métier nécessite un talent particulier, mais le travail en équipe nécessite de savoir s’appuyer ou soutenir ses collègues. De plus, il faut une certaine réactivité, être capable de changer de stratégie assez rapidement. Il y a des moments stressants, mais c’est une habitude à prendre.
Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?
La gestion de situations difficiles quand les choses s’accélèrent. C’est une forme de challenge d’arriver à gérer tout ça. On a aussi de bonnes conditions de travail, un cycle c’est : trois jours de travail et trois jours de repos. C’est nécessaire pour rester performant et concentrer. Mais la contre-partie, c’est de travailler parfois de nuit, les weekends, et jours fériés. Ça plaît ou ça ne plaît pas.
Si vous deviez changer quelque chose dans le métier de contrôleur aérien ?
Comme beaucoup de métiers, notre travail est de plus en plus normalisé par des réglementations européennes très anglo-saxonne avec une évaluation individuelle qui engendre une sur-charge de travail contre-productive.
Avez-vous un conseil à donner aux jeunes qui voudraient faire votre métier ?
Travailler l’anglais, voyager à l’étranger et faire tout ce que vous pouvez pour améliorer votre niveau d’anglais.
Vous avez des questions ? Posez-les à Léo, contrôleur aérien, ou d’autres pros du secteur Aérien, Aéronautique et Aéroportuaire.