Et d’ici 2022, l’intelligence artificielle dans les entreprises, ça donnera quoi ? Interview de Laurent Stefani, Directeur IA chez Accenture

06/04/2018 4 minutesPartager sur

Laurent Stefani, directeur de l’intelligence artificielle chez Accenture Technologie en France, nous dit tout de cet univers qui touche aujourd’hui tous les secteurs d’activités et nous entoure quotidiennement.

Aujourd’hui, travailler dans l’intelligence artificielle, ça veut dire quoi au juste ?

laurent stefani directeur intelligence artificielle accentureL’intelligence artificielle est là pour augmenter le potentiel de l’homme. Travailler dans ce domaine, c’est interagir avec l’ensemble des industries, afin de comprendre leurs métiers, leurs problématiques et leur proposer des algorithmes pour leur faciliter leurs tâches quotidiennes et créer ainsi de nouveaux services.

« D’ici 2022, les sociétés qui investissent dans ce secteur devraient embaucher environ 10% de plus*. »

Lorsque l’on envoie un courrier par la poste, c’est une reconnaissance visuelle qui capte l’adresse et l’expédie vers la bonne destination. Lorsque l’on regarde un film ou une série, ou que l’on effectue un achat sur internet, c’est une intelligence artificielle qui vous propose des recommandations adaptées à vos envies. Dans notre boîte d’emails, c’est encore un algorithme qui reconnaît les spams. Idem sur les Smartphones où la reconnaissance faciale commence à remplacer les codes de sécurité.

Les assistants qui sont de plus en plus nombreux (Siri, Google Home, Cortana, Alexa…) convertissent la voix en texte, l’interprètent et répondent en faisant également appel à l’intelligence artificielle.

 

Quels sont les principaux métiers que l’on retrouve dans vos équipes et quelle est leur fonction exacte ?

Dans notre domaine d’expertise on définit les métiers autour de trois grands secteurs.

    • Le premier : l’automatisation intelligente, via des robots software, qui permet d’automatiser des tâches répétitives.
    • Le second : le centre de gestion de la relation client, via des chatbots, voicebots et des solutions de classification d’emails qui vont, sur les requêtes les plus répétitives, comprendre les demandes, les diriger vers le bon service et leur répondre automatiquement. Un gain de temps appréciable pour maintenir une qualité de service et permettre aux conseillers de passer du temps avec les clients qui en ont le plus besoin.
    • Le troisième secteur : la reconnaissance visuelle. Notamment la vision assistée par ordinateur qui peut être utilisée dans les contrôles qualité, sur une chaîne de production par exemple, afin de vérifier qu’aucun produit ne présente de défaut. Puis le contrôle vidéo de sécurité pour détecter les comportements humains à risques : Un ouvrier sur un chantier qui dépasse la ligne de sécurité, ou qui ne porte pas son casque, des gestes agressifs sur la voie publique… autant de situations que la caméra capte avec plus de fiabilité que l’œil humain. Et enfin, l’imagerie satellite qui peut par exemple reconnaître des bâtiments, calculer l’angle du toit et ainsi prédire l’impact de l’installation de panneaux solaires sur toute une région.

« Les différents postes de l’intelligence artificielle qui se rattachent à ces trois grands secteurs sont donc les métiers de l’entraînement, les métiers d’audit et les métiers de conformité » 

Les métiers de l’entraînement sont ceux où des femmes et des hommes programment et entraînent la machine ; les métiers d’audit vérifient que l’algorithme répond bien aux objectifs de l’entreprise, peuvent expliquer son fonctionnement et, en cas de faille, mettre le doigt sur le problème; et les métiers de conformité veilleront à ce que le fonctionnement des toutes les IA de l’entreprise soit éthique et conforme aux législations en place et, le cas échéant, demander un changement des données ou de l’algorithme.

 

Selon les différents profils, quelles sont actuellement leurs formations initiales ?

Les formations requises pour tout ce qui concerne les développeurs d’algorithmes, l’audit et la conformité sont en général des parcours d’ingénieurs. Les entraîneurs ont plutôt une formation métier, basée sur une activité bien précise (assureur, banquier, boulanger, agent d’entretien, installateur électrique). Ils apportent leurs connaissances techniques du terrain pour fournir des informations fiables aux algorithmes dans la phase d’apprentissage.

 

Quels seront, à votre avis, les cursus universitaires et autre pour y parvenir ?

L’intelligence artificielle est basée sur une solide connaissance en mathématiques. Et les moyens pour y arriver passent plus généralement par les écoles d’ingénieurs, les universités et les IUT qui dispensent des formations aboutissant à des Masters II en mathématiques appliquées à l’intelligence artificielle.

 

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*REWORKING THE REVOLUTION, Accenture Research, jan 2018

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