Stéphanie a 29 ans et est élève éducatrice au sein de l’association Les Chiens Guides d’Aveugles du Grand Sud Ouest depuis novembre 2017. Mais sa passion pour les chiens guides remonte à bien plus tôt.
Est-ce que tu peux nous présenter ton parcours ?
L’idée d’intégrer les chiens guides est arrivée très tôt, en 5ème. Un camarade à moi avait un autocollant chien guide sur son agenda. Cela m’a intrigué et m’a amené à poser des questions. J’ai ainsi appris que sa maman était déficiente visuelle. Je l’ai d’ailleurs vue dans un article reportage dans 30 millions d’amis peu de temps après et je me suis sentie concernée, touchée par son témoignage.
« J’ai donc décidé très tôt d’orienter toutes mes études avec un seul objectif : devenir éducatrice dans une école de chiens guides d’aveugles. »
Je me suis donc lancé dans un BEP élevage canin en alternance. Je passais une partie de mon temps en stage dans des élevages mais aussi en toilettage et bien sûr dans l’école des chiens guides.
J’ai poursuivi avec un BAC pro Gestion élevage canin en apprentissage dans un élevage. J’étais plus souvent en entreprise qu’en formation avec des stages à l’école des chiens guides de Roncq en plus.
J’ai complété ma formation par un brevet d’éducateur canin. L’objectif était d’avoir un diplôme reconnu par l’état.
« Les places en écoles de chiens guides étant rares et très dissoutes, j’ai monté mon entreprise en attendant d’avoir une opportunité. »
J’ai donc créé une société de transport pour animaux : pour transporter les chiens en pensions, chez le vétérinaire, le toiletteur…
Enfin, j’ai pu intégrer l’écoles des chiens guides de Lille puis de Toulouse et je suis aujourd’hui en 2ème année d’élève éducateur. J’entame et je termine la deuxième année d’éducateur en juin 2018.
Peux-tu nous parler de la formation d’éducateur ? Le contenu des cours, le volume horaire, le travail à fournir ?
La formation d’élève moniteur dure deux ans. On y aborde tout ce qui concerne le chiens, sa santé, son anatomie, les élevages. On a deux stages à faire dans d’autres structures de chiens guides. En général 3-4 semaines de formation puis retour à l’école pendant un ou deux mois.
Tout au long de la formation, des éléments sont à valider : comment aborder les échanges avec les familles d’accueils, avec les chiens en formation, le placement du chiot…
Le tuteur va évaluer si les critères nécessaires sont acquis ou non. Il n’y a donc pas de note : on valide les acquis.
Une fois les deux ans de moniteur terminés, tout ce qui concerne le chien est acquis ou va continuer à être pratiqué au quotidien.
On commence donc à toucher ce qui concerne la déficience visuelle. Le coté psychologique, le coté médical et la prise en charge de la locomotion par exemple. On a des intervenants en prothèse auditive et oculaire, sur le matériel pour le déplacement, sur les nouvelles technologies (GPS). Tous les aspects de la déficience sont abordés dans le détail.
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Est-ce que tu pourrais nous parler de ton expérience dans cette formation d’éducateur de chiens guides ?
C’est un métier où il faut une grande faculté d’adaptation.
« J’étais quelqu’un de timide et de réservé, la formation m’a permis de m’ouvrir, de m’affirmer et d’affirmer mes choix, mes techniques d’éducation. »
Mais cela a aussi facilité ma prise de parole en public ou même en privé avec mes collègues, les familles d’accueil.
La formation m’a vraiment aidé. Lorsqu’on aborde le placement du chiot avec la famille d’accueil par exemple, c’est fait sous forme de jeu de rôle. On se met à la place de l’éducateur ou de la famille avec des questions réponses. Généralement, on caricature un peu pour faire passer des messages et améliorer les comportements.
Quel(s) conseil(s) tu donnerais à jeune pour l’aider dans son orientation ?
Mon conseil est d’axer au maximum les études sur tout ce qui concerne le chien. A l’école de chiens guide c’est abordé en condensé et il vaut mieux arriver avec de bonnes bases. Si ce n’est pas le cas, pas d’inquiétude il faut surtout être motivé et savoir montrer cette motivation.
Quelles sont pour toi les qualités requises pour suivre ta formation et exercer le métier d’éducateur de chiens guides ?
- Il faut beaucoup d’observation. Cela peut servir sur les chiens mais aussi avec les personnes de l’entourage, les collègues, les personnes déficientes visuelles. Cela permet de s’adapter à chaque personne, chien, situation.
- Il faut une grande capacité d’écoute et de réflexion. D’une situation à une autre la réponse à apporter n’est pas la même. Les chiens peuvent réagir différemment, il faut donc s’adapter au caractère de chacun.
- Il faut aussi de la réactivité pour apporter une réponse claire et précise. Par exemple lorsque nous sommes sollicités par les familles d’accueil par exemple.
- Il faut donc être sûr de soi.
Tu arrives comme tu es, tu apprends les bonnes pratiques mais il y a de la place pour sa propre personnalité. Les méthodes d’éducation seront parfois différentes mais le résultat est le même.
« Mon maître de stage me le répétait souvent, il ne cherchait pas à faire un clone mais à transmettre toutes les méthodes d’éducation pour que je puisse créer la mienne. La finalité est la même mais chacun à son approche. »
As-tu un souvenir qui t’as marqué depuis le début de ta formation ?
Mon souvenir le plus marquant remonte à mon arrivée dans l’association. Je pensais à l’époque qu’en tant que nouvelle je ne pourrais pas donner mon avis sur certains sujets. Ou que mon avis ne serait pas pris en compte. Je me trompais car ce jour-là j’ai donné mon avis sur une problématique et mon avis a été écouté et pris en compte. Un grand sentiment de satisfaction.
Cela fait du bien dans les moments de remise en question. Car oui ça arrive, tout ne va pas toujours à la vitesse qu’on souhaite. Que ce soit avec les chiens ou avec les « humains ».
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