Delphine a toujours voulu travailler en extérieur, elle est maraîchère bio. Les chiffres le disent, il y a de plus en plus de femmes qui créent leur entreprise dans l’agriculture bio et la vente en circuit court. Découvrez notre interview pour en savoir plus sur son métier :
Qu’est-ce que le maraîchage bio ?
C’est cultiver une grande variété de légumes sur des surfaces plutôt petites. Il y a moins de variétés sur des surfaces plus grandes, on parle alors de légumes de plein champs et c’est beaucoup plus mécanisé. Ce métier est peu mécanisé, on utilise quand même des tracteurs, certains maraîchers font le choix de ne pas en avoir mais la plupart en ont. Je fais de la vente directe, c’est le plus fréquent en maraîchage, sur les marchés ou via des AMAP, quand on est dans le bio ou des magasins de proximité. La différence quand on est en bio, c’est qu’on n’utilise pas de produit de synthèse, pas de pesticide ni engrais, pas de dérivés de pétrole. Concernant les produits de traitement, on peut en utiliser mais ils sont naturels et ils doivent être autorisés en maraîchage bio. Cela peut être de LUTTE biologique, par exemple mettre des coccinelles pour empêcher la prolifération des pucerons.
Comment a germé l’idée de devenir maraîchère bio ?
J’ai toujours voulu faire ça, je ne me suis pas posée de questions. Il n’y a personne dans ma famille qui est agriculteur, il n’y a aucune génération de fermier visible sur l’arbre généalogique.
Comment a débuté votre activité de maraîchère bio ?
Ce n’est pas mon premier métier, j’ai été technicienne dans l’éolien avant de devenir maraîchère. J’ai fait une reconversion professionnelle, j’ai suivi une formation pour adultes, il faut savoir qu’il y en a plusieurs, moi, j’ai fait un BPREA, Brevet professionnel de responsable d’Exploitation Agricole. J’ai cherché ensuite avec mon conjoint une implantation, et c’est peu le hasard, on a eu un peu de chance car c’est quand même difficile de trouver des petites surfaces. On a 5.5 hectares en tout mais pour le maraîchage, on en a 2, le reste, ce sont des prairies. Nous avons notre exploitation depuis 2010.
Vous travaillez en couple ?
Non, moi, je suis chef d’exploitation, je suis la seule associée avec une salariée et mon conjoint travaille à l’extérieur.
Quelle formation conseilleriez-vous aux jeunes qui veulent devenir maraîcher(e) ?
Il faut aller dans un lycée agricole, mais il faut choisir le bon, c’est-à-dire celui qui propose des options avec « agriculture bio » dedans. Sinon, même jeune, vous pouvez faire une formation pour adultes où là il y a beaucoup plus de choix en ce qui concerne les formations qui orientent vers l’agriculture bio. J’ai eu des stagiaires jeunes (moins de 25 ans) en formation pour adultes.
Avez-vous une journée type en tant que maraîchère ?
C’est plutôt une semaine type, mais les journées sont rythmées par les besoins de récolte pour les livraisons. Mais le matin, on fait des récoltes, on prépare les légumes, et l’après-midi, on fait du désherbage ou semi/plantation. Je travaille en moyenne 42h par semaine et ce n’est vraiment pas beaucoup. Après, j’ai fait le choix de salarier quelqu’un aussi. Sur des surfaces comme les miennes, souvent, il n’y a qu’un seul couple qui travaille.
Avez-vous d’autres tâches en parallèle comme de la gestion etc… ?
Le plus gros du travail se fait dans les champs mais comme je fournis des AMAP, c’est quasiment 100% de mon chiffre d’affaire, cela nécessite beaucoup de communication, et d’organisation en amont de la production plus que si on vend au marché car on est obligé de faire 100 paniers identiques par semaine. Il faut donc être sûre d’avoir 100 bottes de radis, 100 salades. Sinon, l’administratif représente 30% de mon temps.
Quel est le salaire d’un(e) maraîcher(e) bio ?
Pour mon conjoint et moi, on fait 1 000 euros par mois, ce qui n’est pas beaucoup. Et cela est dû aussi au fait que nous avons des terres très sableuses et très pauvres donc on n’a pas de très bons rendements. C’est-à-dire qu’avec une terre de meilleure qualité et un terrain plus grand, une personne pourrait sortir le double de volume.
Quelles qualités faut-il pour exercer ce métier ?
Pour moi, il faut être organisé, il faut aimer le travail physique, aimer être dehors. C’est important aussi de savoir se ménager et faire la part des choses et ne pas travailler tout le temps. C’est un peu le piège dans ce genre de métier.
Pourquoi aimez-vous votre métier ?
J’aime travailler dehors et le travail physique et en plus, je m’entends super bien avec ma salariée. C’est important de prévoir de travailler à plusieurs, pour sa santé mentale, c’est quand même mieux que d’être toute seule. Il fait trouver les bonnes personnes.
Est-ce qu’il y a une chose à changer dans le métier ?
Il faudrait que les gens acceptent de payer tous les produits agricoles, bio ou pas plus chers.
Comment voyez-vous évoluer le métier de maraîcher.ère bio ?
Il a l’air d’avoir plutôt le vent en poupe mais cela va dépendre de comment évolue la réglementation bio et de ce que l’Etat projette de faire pour les agriculteurs.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes et en particulier aux filles qui hésitent à se lancer dans le maraîchage ?
Faites ce que vous avez envie de faire, il ne fait s’arrêter à ce qu’on vous dit. Le métier de maraîcher.ère est accessible à tous, même si c’est un travail physique mais qui ne nécessite pas de grandes forces.
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